Myriam Boubram, première femme "Meilleur ouvrier de France" en soudure
REPORTAGE - Reconnue parmi les meilleurs soudeurs de France, Myriam Boubram a relevé avec succès le défi de l'un des concours les plus durs qui soient.

Rencontre avec une pionnière en France dans son domaine. Elle s'appelle Myriam Boubram, elle a 47 ans ce jeudi 8 octobre et c'est la toute première femme de l'histoire à décrocher le titre prestigieux de "Meilleur.e Ouvrier.e de France" dans la catégorie soudure. Elle enseigne aujourd'hui sa passion à des professionnels dans un institut spécialisé de la région bordelaise mais elle ne cache pas sa fierté d'avoir réussi une telle performance.
Pourtant, rien ne la destinait au départ à évoluer parmi les étincelles et l’acier en fusion. Son père lui avait tracé un tout autre chemin. "J’ai quitté l’école très tôt, j’ai fait un préapprentissage dans la coiffure. C’est mon père qui me disait que c’était bien de faire de la coiffure pour une femme", confie Myriam à RTL.
Mais c’est un fiasco, et Myriam vit très mal son adolescence, qu’elle juge "très compliquée". Elle était "très révoltée envers la société". Elle entend alors parler d’une société qui recrute uniquement des femmes, et se retrouve vite avec un fer à souder dans les mains.
Testée par les hommes, elle devient "une pointure"
"Quand je soudais, c’était la seule chose qui me permettait de me canaliser, de me calmer intérieurement", se souvient-elle. Commence alors une autre étape, une fois habile elle est appelée sur les chantiers, et doit faire face au comportement des hommes face à une femme.
Elle est "testée en permanence" et n’a "vraiment pas le droit à l’erreur". Et au bout de 15 ans sur les chantiers, parmi les plus compliqués et les plus dangereux, elle décide de devenir formatrice. Elle enseigne alors à l’Institut français de la soudure, où elle forme beaucoup d’hommes mais aussi des femmes. Tous la reconnaissent comme "parmi les meilleurs" et "une pointure".
Un talent et un savoir-faire qui amènent Myriam, poussée par son entourage, à tenter le concours de meilleur ouvrier de France. Elle va y consacrer 3 ans de sa vie. "Au début, j’ai la trouille", concède-t-elle.
Une femme dans l'histoire
L'épreuve consiste en la fabrication d'un pylône téléphonique. Une pièce d’1m85 et d’environ 300 kg. "Il y a eu plus de 1.600 heures de travail effectué, entre 6 et 8 mois", raconte Myriam Boubram. Elle continue son travail et consacre donc tout son temps libre au concours. Weekend, soirée, vacances, tout y passe.
Et un 24 décembre, elle reçoit une lettre : elle est "Meilleur ouvrier de France". "Je l’ai bien lue trois fois cette lettre, pour être sûre que je ne me trompais pas", confesse Myriam. "C’est un moment exceptionnel. C’est vraiment l’accomplissement de tout un travail, de tout un parcours. C’est 26 ans de métier", explique-telle.
Et en tant que première femme lauréate, elle ne peut "pas rêver mieux". On lui propose alors de participer aux championnats du monde, mais elle refuse. "J’ai accompli ce que je devais accomplir (…) J’ai marqué l’histoire, et ça vaut tout l’or du monde", conclut-elle.