Jean-Paul Crampe, l'artisan du retour des bouquetins dans les Pyrénées
REPORTAGE - Depuis 2014, le parc national des Pyrénées mène des opérations de réintroduction du bouquetin ibérique, qui y avait disparu depuis un siècle. Jean-Paul Crampe a consacré 30 ans de sa vie au retour de cette magnifique antilope.

Grâce à la ténacité de Jean-Paul Crampe, 400 bouquetins gambadent désormais entre Ariège et Pyrénées-Atlantiques. Ce passionné de nature est à la retraite depuis 5 ans mais il demeure au sein du comité scientifique du parc national des Pyrénées, dont il est membre.
Son amour pour la biodiversité lui est venu lorsqu'il est entré au Parc National en tant que garde, après son service militaire. "Il ne faut jamais oublier que c'est l'époque qui vous fait. Si j'étais né au 19e siècle, j'aurais probablement été guide de chasse pour les Anglais qui venaient tuer les dernier bouquetins", reconnaît-il avec humilité.
Jean-Paul connaît le parc national des Pyrénées comme sa poche et nous emmène sur le site du Clôt, à Cauterets. Le décor est idyllique : des torrents descendent dans une vallée escarpée, tapissée de prairies que jonchent d'imposants rochers. Des forêts d’arbres centenaires s'adossent à des falaises bleues vertigineuses.
"C'est ici qu'ont eu lieu les premières opérations de réintroduction du bouquetin, qui avait d'ailleurs disparu ici. Cela a pris du temps pour convaincre tout le monde que la bonne solution était d'aller prendre des bouquetins dans les populations nombreuses du centre de l'Espagne, et d'en réintroduire pour assurer le coup", raconte Jean-Paul, qui garde un souvenir ému du jour où les animaux sont revenus, en 2014.
"Ils sont arrivés juste avant la nuit, avec un coucher de soleil et des brumes qui flottaient un peu partout [...] C'était une soirée extraordinaire, vraiment inoubliable. Il m'a fallu plusieurs années pour me convaincre qu'ils étaient bien là", se remémore-t-il.
Aujourd'hui, les bouquetins se sentent si bien sur place qu'ils s'y multiplient. "Cette année par exemple, on a eu près de 50 cabris, et l'année dernière 45. Au moins sur Cauterets, on a une population qui est dans une très bonne dynamique. On peut espérer voir très facilement des bouquetins dans quelques années", assure Eric Sourp, qui pilote le programme de réintroduction depuis 2008.
Pour l'heure, il demeure encore difficile d'apercevoir ces animaux. Cela implique de partir plusieurs jours en haute montagne. "L'idéal pour les voir, c'est vraiment de venir au printemps, quand la neige commence à fondre et que les premières herbes arrivent", suggère Jean-Paul Crampe.
Cet amoureux de la nature vient d'écrire un livre intitulé Bouquetins aux Pyrénées, dans lequel il raconte son long combat, appuyé par le Parc national des Pyrénées. Une passion au service de la biodiversité.