Mondialisation : Jean-Marc Jancovici explique pourquoi la tendance pourrait s'inverser

Nous vivons dans un monde mondialisé et la façon dont on mesure la mondialisation, c'est en regardant la part du commerce extérieur dans l'économie mondiale. Cette part était de 25% en 1970. Cela veut dire que cette année là, un quart du PIB faisait l'objet d'échanges. Elle est montée à 60% du PIB mondial en 2008.

Cette mondialisation, quand on regarde sur le plan physique, veut dire que de plus en plus, on achète des objets qui ont été fabriqués ailleurs. Donc il va falloir les transporter. La mondialisation, c'est avant tout des camions et des bateaux, et ils n'existeraient pas sans pétrole, c'est à dire sans énergie moderne. C'est également des gros volumes, car il faut que les pays producteurs non seulement fabriquent assez pour eux-mêmes, mais également pour les autres. 

Donc ce n'est pas un hasard que la part de la mondialisation soit passée de 25% de l'économie mondiale en 1970 à 60% en 2008. C'est directement un effet de l'abondance énergétique croissante. 

Une tendance qui pourrait s'inverser

Nous sommes entrés à petits pas depuis 2008, dans une légère démondialisation puisque la part des échanges dans le PIB mondial est déjà descendue à 55%. Et à l'avenir, ça devrait logiquement accompagner le retour à la sobriété énergétique. Par ailleurs, si on a moins facilement du pétrole, à un moment, on aura moins facilement des moyens d'échange, des camions, des avions, c'est à dire ce qui permet d'avoir une économie très interconnectée.

Cela va engendrer des défis très importants. La mondialisation a fait le malheur du salarié, mais le bonheur du consommateur, donc la démondialisation va faire l'inverse. Le fait de fabriquer aujourd'hui des objets très complexes, ça nécessite des chaînes très longues, avec des étapes très spécialisées à chaque niveau. La démondialisation va poser une quantité de défis très importants.