Direction Marseille. Au cœur des quartiers Nord où se trouve l'une des dernières véritables savonneries de Marseille, la Savonnerie du Midi. Elle a obtenu récemment le label Entreprise du patrimoine vivant qui met en valeur des savoir-faire exceptionnels et leur transmission. On va voir aussi que la crise sanitaire n'a pas été forcément un handicap, au contraire. Le savon de Marseille revient à la mode depuis quelques années déjà et encore plus actuellement.
Dans cette usine plus que centenaire, une vieille dame née en 1894 a failli disparaitre comme bon nombre de savonneries à Marseille. Il en existait au début du XXème siècle 129, il n'en reste plus que 3 aujourd'hui. Heureusement en 2013 la savonnerie du Midi est reprise par la famille Fiévet. C'est Guillaume le fils qui nous reçoit dans cette usine rénovée mais qui n'a quasiment pas changé depuis les années 1950. C'était un pari à l'époque mais l'essai a été transformé, le chiffre d'affaires a presque triplé et de 17 salariés, l'entreprise est passée à 44.
Guillaume Fiévet explique que le savon de Marseille traditionnel connait un véritable renouveau, les consommateurs recherchent aujourd'hui l'authenticité.
"Pour nous, le savon de Marseille traditionnel doit respecter 3 critères : un premier critère, c’est le critère géographique. Le deuxième critère c’est le procédé de fabrication. Et le troisième critère se sont les ingrédients, des huiles végétales et de la soude, sans parfum, sans colorant et c’est ce qui donne son côté extra-pur.
Pour nous, le savon de Marseille est soit vert soit beige, le savon vert est fabriqué à partir d’huile d’olive et le savon beige à partir d’huile de palme issue de plantation responsable."
Et le savon beige est plutôt utilisé pour l'entretien de la maison, le vert pour l'hygiène corporelle. Et donc si vous voyez un savon de Marseille jaune, rose ou violet, ce n'est pas un véritable savon de Marseille.
On n’est pas loin de la potion magique, car il y a un véritable secret de fabrication transmis de maître savonnier en maitre savonnier. Et Franck Chauvet, 34 ans d'expérience, s'en souvient encore. "La transmission n’a pas été facile car c’était un peu des cachotiers. Il fallait observer, être attentif, et deviner les choses, choses que j’ai transmis, moi, sans cachoteries."
Alors comme le lait sur le feu, Franck veille avec Wilfrid son apprenti sur la salle des chaudrons, tout comme une statue de la Bonne Mère qui trône dans un coin de la salle. 5 immenses chaudrons dans lesquels bouillonne un liquide visqueux, verdâtre et à l'odeur entêtante. 5 étapes de fabrication, l'empattage, le relargage, la cuisson, le lavage et la liquidation. Chaque étape dure plus ou moins une journée, c'est le coup d'œil du maitre savonnier qui est le juge. Mais, nous explique Wilfrid, il faut aussi avoir du goût.
"On trempe un retable dans le savon pour récupérer de la matière, ensuite