Loire-Atlantique : quand la vieille TV d'un camping-car brouille le signal de l’aéroport de Nantes

Le 25 avril, l’aéroport de Nantes a vécu une situation insolite : des communications entre les pilotes et la tour de contrôle étaient perturbées par une source inconnue. La Direction générale de l’aviation civile a rapidement alerté l’Agence nationale des fréquences (ANFR), chargée de la gestion des ondes radioélectriques, pour un possible brouillage de fréquence VHF.

Deux agents de l'ANFR sont alors dépêchés sur place avec un radiogoniomètre, monté sur leur véhicule. Ils quadrillent la zone pour localiser des émissions suspectes dans la bande VHF. Après des heures de recherche, les techniciens finissent par être guidés vers une impasse à deux kilomètres du tarmac de l’aéroport, à Saint-Aignan de Grand Lieu, chez Mathieu. 

Là, dans un camping-car stationné dans un jardin, Joackim Jean, technicien à l'ANFR découvre la source du problème : un vieux préamplificateur télé, inconnu du propriétaire actuel du véhicule. Caché derrière une grille d’aération, cet objet avait été abandonné par un précédent propriétaire et avait vieilli, causant des interférences avec les communications de l’aéroport.

Mathieu, le propriétaire du camping-car a été surpris quand les enquêteurs sont arrivés chez lui : "Deux techniciens arrivent avec une grosse machine et une antenne. Ils me disent 'vous avez un appareil qui brouille les fréquences de l'aéroport'. C'est dingue, j'en rigole. On a démonté derrière les grilles du frigo et j'avais un boîtier qui était relié à ma télé. Je ne savais pas, ça surprend un peu."

Selon l’ANFR, ces équipements domestiques sont censés fonctionner sans interagir avec l'extérieur, leurs signaux étant confinés aux câbles internes. Mais lorsque leurs composants vieillissent ou qu’ils ne respectent pas les normes, ils peuvent émettre des signaux parasites. Le préamplificateur télé en question n’était pas conforme, brouillant ainsi les antennes de l’aéroport de Nantes.

Fort heureusement, aucune sanction n’a été prise contre le propriétaire du camping-car, qui ignorait l’existence de l’objet. Cependant, en théorie, un tel délit peut entraîner une peine de six mois de prison et 30.000 euros d’amende. L’ANFR souligne que, même si ces brouillages sont souvent involontaires, ils peuvent causer des effets comparables à des cyberattaques en empêchant la bonne transmission des données.

Cet incident s’ajoute à une liste de cas similaires gérés par l’ANFR, qui enregistre chaque année entre 1.500 et 1.800 plaintes pour des brouillages similaires, touchant principalement les opérateurs de téléphonie mobile. 40 cas par an concerne l’aviation civile. En 2017, un brouilleur GPS laissé dans une voiture garée sur le tarmac de l’aéroport de Nantes avait retardé le décollage de quatre avions. Plus récemment, en 2023, une antenne marine installée sur une éolienne en pleine mer avait perturbé les communications d’une station de sauvetage à Saint-Nazaire.

Ces incidents mettent en lumière la nécessité d’une bonne utilisation des équipements radioélectriques et électroniques, dont le dysfonctionnement peut avoir des conséquences inattendues. En médiatisant ces affaires, l’ANFR souhaite sensibiliser le public aux risques liés à ces appareils et à la réglementation qui les encadre.

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