Le 10 décembre 2015, l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité une loi qui interdit aux grandes surfaces de jeter ou de détruire la nourriture invendue dont la date de péremption n'est pas encore passée. Ce consensus politique le confirme : personne n'est pour le gaspillage alimentaire.
Personne, et surtout pas Aladdin, un jeune parisien adepte du "freeganisme". Comme plusieurs centaines d'autres militants en France, il a décidé de tirer profit du gaspillage alimentaire en glanant régulièrement les invendus dans les bennes à ordures des magasins. Le jeune homme est évidemment heureux du passage de cette loi, "qui va dans le bon sens" selon lui. Mais il s'interroge également : si les grandes surfaces ne jettent plus à la benne leur stock d'invendus, où iront donc ces produits ? Jusque là, les magasins se contentaient généralement de les jeter.
Mais les grandes surfaces ont en fait d'autres options. Elles peuvent tenter de revendre ces produits à des destockeurs. Une pratique qui existe déjà, mais qui reste minoritaire selon Xavier Corval, le président d'Éqosphère, une entreprise innovante spécialisée dans la revalorisation des surplus.
En 2014, notre action a permis à chaque association de récupérer en moyenne 30.000 euros de produits
Xavier Corval, président d'Écosphère
Selon lui, cette loi doit surtout être l'occasion de privilégier le don aux associations. "En Ile-de-France, nous travaillons déjà avec 143 associations, dont la Croix Rouge et le Secours Populaire". L'objectif d'Éqosphère est d'optimiser la redistribution des invendus, pour permettre aux grandes enseignes de s'en débarrasser tout en fournissant davantage de denrées aux associations. "En 2014, notre action a permis à chaque association de récupérer en moyenne 30.000 euros de produits". Des sommes qui pourraient être multipliées si la nouvelle loi est respectée par les grandes enseignes.
Derrière cette loi anti-gaspillage, Thomas Candael, chef de projet à Eqosphère, perçoit également la volonté de rendre plus légitime et visible la collecte de ces produits invendus. "L'objectif de cette loi, c'est notamment d'assurer une certaine dignité dans la collecte", analyse-t-il. "Il s'agit avant tout de formaliser les partenariats entre les enseignes et les associations", pour éviter aux militants ou aux personnes dans le besoin de devoir fouiller dans les bennes des magasins.
Pour le président d'Eqosphère, cette loi doit être une première étape vers une réorganisation de la chaîne de l'alimentaire, mais aussi vers un changement des mentalités. "Il n'y a pas qu'au niveau de la distribution que le gaspillage a lieu, il y en a aussi au niveau de la production et de la consommation", rappelle-t-il. La proposition de loi prévoit d'ailleurs que lutte contre le gaspillage alimentaire soit abordée à l'école.
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