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Une lettre ouverte par le professeur Renaud Morieux de l'Université de Cambridge, datant du XVIIIe siècle.
Crédit : Renaud Morieux / THE NATIONAL ARCHIVES / AFP
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De précieux témoignages de relations passées, qui n'ont pas pris une ride en plus de 200 ans. Une lettre de l'épouse d'un officier, une autre d'une mère reprochant à son fils de ne pas lui écrire plus souvent… Ces 104 courriers avaient été saisis par la Royal Navy durant la Guerre de Sept Ans, qui a notamment opposé Britanniques et Français entre 1756 et 1763 autour de leurs possessions coloniales. Ils ont été redécouverts par hasard, intacts et encore cachetés - exceptées trois lettres - par Renaud Morieux, professeur d'histoire à l'université de Cambridge.
"J'ai simplement demandé à consulter ce carton par curiosité", raconte le chercheur, dont les conclusions ont été publiées ce mardi dans la revue Les Annales. Histoire, Sciences sociales. Ce dernier y détaille le contenu de missives, longtemps considérées comme d'intérêt militaire et destinées à l'équipage du Galatée, frégate française envoyée en renfort en Nouvelle France (l'actuel Canada).
"J'ai réalisé que j'étais la première personne à lire ces messages très personnels", regroupés en trois piles et tenus ensemble par des rubans, s'est ému Renaud Morieux, cité par l'Agence France-Presse. "Leurs destinataires n'ont pas eu cette chance et c'était très émouvant", dit-il, ajoutant que ces lettres contiennent "des expériences humaines universelles".
"Je passerais fort bien la nuit à t'écrire (…), ta fidèle femme pour la vie. Bonsoir mon cher ami. Il est minuit. Je pense qu'il est temps de me reposer", écrit par exemple en 1758 Marie Dubosc à son époux Louis Chambrelan, premier-lieutenant de la frégate française Galatée, capturée par les Britanniques. Louis n'a jamais reçu la lettre de son épouse, qui meurt l'année suivante, probablement avant qu'il ne soit libéré.
Dans un autre courrier daté du 27 janvier 1758, Marguerite Lemoyne, la mère du matelot Nicolas Quesnel, originaire de Normandie, regrette de ne pas recevoir plus de nouvelles de son fils. "Je pense plus à toi, que toi à moi (…) enfin, je te souhaite une heureuse année remplie des bénédictions du seigneur", lui dit-elle dans une lettre sans doute dictée à un tiers.
Mais le Galatée, parti de Bordeaux pour le Québec, a été capturé dans l'Atlantique et emmené à Plymouth, sur la côte sud de l'Angleterre, puis enfin à Portsmouth. Les lettres ont suivi le bateau de port en port jusqu'à sa capture, avant d'arriver aussi en Angleterre.
Renaud Morieux a identifié chacun des 181 membres de la frégate Galatée, dont un quart avaient été destinataires de ces lettres, dont une majorité a été écrite par des femmes. Il a également mené des recherches généalogiques sur les marins et les auteurs des lettres. "Aujourd'hui, nous avons Zoom ou WhatsApp. Au XVIIIe siècle, les gens n'avaient que les lettres, mais ce qu'ils écrivaient résonne aujourd'hui de manière très familière", estime le chercheur.
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