Elle répétait cette rengaine depuis quelques années déjà. Aujourd'hui, c'est une véritable sonnette d'alarme que tire la communauté scientifique. Les derniers chiffres des émissions de gaz à effet de serre ont été dévoilés par l'institution spécialisée en météorologie de l'ONU. Les chercheurs rappellent que ces chiffres auront des conséquences climatiques graves pour la planète et la vie de l'Homme dans les années à venir, si aucune action n'est entreprise dès maintenant.
Les concentrations dans l'atmosphère de dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et protoxyde d'azote (N2O), trois gaz à effet de serre, ont encore progressé l'an dernier jusqu'à atteindre des "nouveaux records" à l'échelle du globe, révèle l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
Par rapport à l'ère industrielle, c'est-à-dire avant 1750, l'augmentation du taux de CO2 est de 146%. "Le plus alarmant, c'est que (...) la moitié de l'augmentation depuis l'ère industrielle a eu lieu au cours des 30 dernières années", a précisé Oksana Tarasova, directrice des recherches sur l'environnement atmosphérique.
De plus, "rien n'indique un renversement de cette tendance, qui est pourtant le facteur déterminant du changement climatique, de l'élévation du niveau de la mer, de l'acidification des océans et d'une augmentation du nombre et de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes", pointe l'OMM.
"Les données scientifiques sont sans équivoque. Si l'on ne réduit pas rapidement les émissions de gaz à effet de serre, et notamment de CO2, les changements climatiques auront des conséquences irréversibles et toujours plus destructrices pour la vie sur Terre", a déclaré Petteri Taalas, secrétaire général de l'OMM.
En 2016, un puissant épisode El Niño avait entraîné des épisodes de sécheresse dans les régions tropicales et avait réduit la capacité des forêts et de la végétation à absorber le CO2. "La dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c'était il y a 3 à 5 millions d'années : la température était de 2 à 3°C plus élevée et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres par rapport au niveau actuel", a souligné M. Taalas.
Une récente étude de l'université d'Hawaï (États-Unis) met en lumière de nouveaux éléments qui déduisent de l'apparition prochaine de catastrophes en cascade. Selon Erik Franklin, un des chercheurs auteur de l'étude, "l'humanité va être confronté aux impacts dévastateurs combinés à des aléas climatiques multiples qui interagissent".
D'ici la fin du siècle, certaines régions du monde pourrait faire face à des catastrophes climatiques multiples. Pour en arriver à cette conclusion, les auteurs de l'étude, publiée dans la revue Nature Climate Change, ont combiné environ 3.000 travaux, axés sur les principaux aléas qui apparaissent sur Terre : incendies, inondations, augmentation du niveau de la mer, tempêtes, sécheresse...
Et les conclusions ont de quoi effrayer : les conséquences de ces aléas combinés sur nos sociétés (santé, alimentation, eau, économie, infrastructures...) pourraient être bien pires que prévues. Ainsi, si rien ne change d'ici la fin du siècle, la ville de New York pourrait subir jusqu'à quatre aléas différents en même temps chaque année.
Ces mêmes scientifiques ont dénombré, au total, jusqu'à 467 menaces d'origine climatique. Et si certaines se cumulent, les impacts sur la population seront sans précédent. Les scientifiques précisent en effet qu'un aléa climatique ne se "prédit" pas seul : il faut prendre en compte tous les autres aléas qui peuvent survenir au même moment pour avoir une idée de ce qui nous attend en réalité.
"Le problème des émissions de gaz à effet de serre, c'est qu'elles intensifient simultanément plusieurs aléas qui se sont déjà révélés dévastateurs par le passé", expliquent Camilo Mora. Ainsi, en 2017, la Floride a connu une sécheresse extrême, plus de 100 feux de forêt, ainsi que les tempêtes Emily et Philippe, et l'ouragan Irma.
Pour comprendre les conséquences climatiques qui nous menacent, les scientifiques ont mis au point une carte interactive qui permet aux internautes de comprendre et de visualiser ces aléas qui frapperont un territoire donné, entre aujourd'hui et 2100.
Face à cette montée inquiétante des taux dans l'atmosphère, "la période propice à l'action est sur le point de s'achever", a averti Petteri Taalas, à quelques jours de la COP24 sur le climat qui doit se tenir en décembre à Katowice (Pologne).
La communauté internationale doit y finaliser l'accord de Paris pour atteindre l'objectif de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C, voire à 1,5°C par rapport au niveau de la Révolution industrielle. L'accord incite les pays à revoir à la hausse leurs engagements, qui à ce stade conduisent le monde bien au-delà de 3°C.
Pour la secrétaire générale adjointe de l'OMM, Elena Manaenkova, "le réchauffement de la planète est sans équivoque". Dans une lettre ouverte envoyée jeudi 22 novembre aux États avant la COP24, la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, a exhorté la communauté internationale à "prendre des mesures efficaces, ambitieuses et urgentes" pour contrer le réchauffement climatique : "des nations entières, des écosystèmes, des peuples et des modes de vie pourraient tout simplement cesser d'exister".
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