C'est une enquête qui fait froid dans le dos. Pendant trois ans, le journaliste Victor Castanet a recueilli près de 350 témoignages sur la face cachée des maisons de retraites. Il publie chez Fayard Les fossoyeurs, une investigation sur Orpéa, le leader mondial des Ehpads et des cliniques.
Victor Castanet révèle notamment des informations sur la mort de la romancière et comédienne Françoise Dorin, épouse de Jean Poiret puis Jean Piat, après son séjour de deux mois et demi dans l'établissement Les Bords de Seine, l'un des plus chers de France, situé à Neuilly-sur-Seine. "Ça a été une fin de vie dramatique", explique-t-il.
"Effectivement, ça a été très rapide", relate à son tour la fille de Françoise Dorin et Jean Poiret, Sylvie Mitsinkides, sur RTL. "La vitrine était vraiment très attrayante (...) Et puis ce qu'on dit pour attirer le client et les faits sont assez lointains. Très vite, elle a déclaré une escarre qui n'a pas été soignée comme il fallait. De là a découlé un choc septique qui a entraîné son décès".
On n'a pas traité cette escarre comme elle aurait dû être
Sylvie Mitsinkides
"On ne m'a pas parlé du tout de cette escarre. Elle dormait de plus en plus et je pense qu'on la bourrait de calmants pour qu'elle souffre moins. On m'a assuré qu'il n'y avait pas de calmants supplémentaires, que tout était normal. Jusqu'au jour où on m'a appelé pour un examen plus approfondi dans un hôpital. Et là, j'ai découvert un trou béant de la taille de mon poing. Elle souffrait horriblement. Le choc septique est venu cinq ou six jours après".
"Maman souffrait d'Alzheimer, elle n'analysait absolument pas. Je pense qu'elle souffrait, c'est indéniable, mais elle ne se plaignait pas". Concernant le rationnement divulgué par Victor Castanet, Sylvie Mitsinkides "pense que pour les couches c'est totalement vrai. Les escarres se développent plus facilement quand on laisse les gens dans leurs excréments. On n'a pas traité cette escarre, qui est bénin à la base, comme elle aurait dû être, et ça n'a pas été vu par un médecin".
Qu'il y ait des dysfonctionnements, ça c'est évident
Sylvie Mitsinkides
"On a toujours placé le bien-être des résidents avant tout autre aspect, rétorque de son côté la direction d'Orpéa (...) Il peut y avoir ponctuellement des périodes où on puisse avoir des perfections, mais notre engagement c'est d'y remédier dans les plus brefs délais (...) Jamais chez Orpéa nous avons rationné quoi que ce soit, c'est totalement faux".
"Je ne peux pas penser que ce soit volontairement, mais qu'il y ait des dysfonctionnements, ça c'est évident", réplique de son côté Sylvie Mitsinkides. "Je pensais bêtement qu'elle serait au mieux dans cet établissement, et j'ai eu l'impression qu'on avait bafoué ma confiance, et je m'en suis voulu, j'ai culpabilisé et je leur en veux aussi pour ça, pour ma culpabilité".
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