À
Saint-Sébastien-sur-Loire près de Nantes en Loire-Atlantique, l’association
d’insertion par le sport "Entre mêlées" permet à des jeunes réfugiés,
la plupart sans papiers, de s’initier à la pratique du rugby une fois par
semaine. Pour ces migrants mineurs, qui ont bravé bien des dangers avant
d’arriver jusqu’ici, cette découverte du rugby, est à la fois un exutoire et un
pas de plus vers l’intégration.
"On part, on trottine tout doucement, quand on arrive au point rouge,
on lâche le ballon." En plein entraînement le mardi soir au stade René
Massé de Saint-Sébastien-sur-Loire, dix jeunes réfugiés, pour la plupart
d’Afrique de l’Ouest, suivent les consignes du coach, fondateur de
l’association "Entre mêlées". "On garde le même rythme, maintenant
on monte les genoux… pom pom pom pom… Allez !"
"Moi, c’est Benoit Lamigou. Ça fait deux ans que je suis sur Nantes,
je suis natif du Sud-Ouest, de Coiraz exactement. Ma copine était dans une
école de mineurs isolés où elle faisait des ateliers de dessin avec eux et puis
comme j’ai été coach, j’ai voulu mettre ça en place avec ce public-là."
"On a été dans des squats avec un ballon de rugby, on a rencontré
des jeunes. Effectivement au début c’est difficile parce que, tout de suite, ils
regardent un peu sur YouTube des matchs de rugby et ça ne donne pas trop envie.
Mais ceux qui ont fait l’effort de venir voir sont restés."
"Quand on a le ballon, on fait quoi ? Est-ce qu’on
recule ?" "Non, on avance." "Et ensuite, qu’est-ce
qu’il faut faire ?" "On fait la passe en arrière." Dans le
petit cercle qui s’est formé pour écouter les consignes de l’entraîneur,
Niaissa, Ibrahim et Ibrahima, trois garçons de 18 ans : "Faire des
exercices, c’est bon pour la santé, ça nous aide un peu à vider la tête",
"c’est ici que j’ai fait la découverte du rugby et vraiment j’ai eu
l’amour pour ce ballon ovale", "nous tous, on a des soucis parce
qu’on a vécu des histoires et des trucs, on ne peut même pas en parler. Mais
quand on vient ici, on oublie ça, on rigole, après on a tous envie de revenir
encore."
Un moment précieux, une belle parenthèse que l’on doit au club de rugby
local. Le Rugby Club de Saint-Sébastien Basse-Goulaine dont le président
Olivier Giraudeau a accepté, tout de suite, d’accueillir sur les terrains du
club ces migrants mineurs sans papiers et donc sans licence. "Moi, ce que
le rugby m’a apporté, tout au long de ma carrière, c’est de me rendre compte
que le gros avait besoin du petit, que le rapide avait besoin du lent, que dans
la société on avait besoin de tout le monde. Il n’y a pas que de la compétition,
il y a le vivre ensemble."
Ainsi, comme le souligne Benoit Lamigou, les fins d’entraînement se font
le plus souvent possible en commun avec les cadets et les juniors du club qui
partagent le même terrain, le mardi soir. "Le projet qu’on a aussi, c’est
de sensibiliser ces jeunes-là aux gens qui viennent au bord du terrain, au
final, ce sont des gens qui sont normaux et qu’avec un ballon de rugby sur le terrain
il n’y a pas de couleur, il n’y a pas de race, et nous, c’est ce qui nous parle."
La belle histoire de cette école de rugby des bords de Loire, c’est aussi
celle d’Ibrahima, repéré lors d’une journée de détection et qui vient de signer
sa première licence avec le SNUC, le Stade Nantais Université Club. Un rêve
d’enfant. "Je voulais jouer au rugby au Sénégal, j’ai commencé là-bas. Comme
il y a le Top14, j’ai écouté, j’ai vu, j’ai dit 'faut que je vienne en France'
parce que là-bas, il y a le vrai rugby et tout ça." Ballon en main, Ibrahima
comme plusieurs de ses camarades, paraît insaisissable sur le terrain, et cela
n’échappe pas à un grand nom du rugby français, Jean-Claude Skrela, présent
exceptionnellement ce soir- là.
"C’est très bien parce que j’ai vu des choses, à un moment, je
croyais que c’était des Fidjiens, je me suis dit ce n’est pas ce qu’on m’a dit
tout à l’heure, ce ne sont pas des gens qui sont en intégration, parce qu’ils
avaient les mêmes attitudes de porter le ballon, de faire des crochets, de
courir, de sauter, d’être très adroits. Dans les attitudes, je croyais que
c’était des Fidjiens ! C’est vraiment le rugby sociétal tel qu’il doit
être et tel qu’on doit le réaliser dans tous les clubs, sur tout le territoire."
Comme une invitation à ouvrir les portes du rugby le plus largement possible…
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