"J'ai oublié que j'avais un portable" : dans le Vercors, "des jeunes en difficulté" ont passé une semaine coupé du monde

Une colonie de vacances sans téléphone portable ! C'est l'expérience réalisée la semaine dernière par une vingtaine d'adolescents, âgés entre 12 et 16 ans, issus des quartiers populaires de Maubeuge (Nord). Avec leurs éducateurs, ils sont partis une semaine, en pleine nature, pour un camp d'été dans le massif du Vercors.

Tout est parti d'une réunion de préparation en amont du séjour au siège de l'Association jeunesse avenir (AJA). Jade, 13 ans, avoue être totalement accro à son smartphone, et davantage pendant les vacances. "Je regarde Snapchat, après TikTok. Je peux passer facile quatre heures dessus", explique-t-elle.

Avant le départ, cette association a adressé un questionnaire aux jeunes. Le résultat est sans appel : ils passent plus de six heures par jour sur leur téléphone. "Ce sont des jeunes en difficulté. La problématique qui revient constamment est celle du téléphone", souligne Zachary, éducateur depuis de nombreuses années." Et de poursuivre : "Les parents ont aussi des difficultés avec eux. Ils disent ne plus arriver à communiquer."

Pour la plupart de ces adolescents, le téléphone se trouve dans leur poche depuis bien longtemps. "Ça va être compliqué, mais ça va nous faire du bien", admet un garçon. "C'est pour un petit peu combattre l'addiction", poursuit-il. 

"Profiter d'autres choses essentielles"

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Dans le Vercors, après neuf heures de route, ils se sont installés dans un gite face aux montagnes. Un écrin de verdure qu'ils n'avaient jamais vu avant et qu'ils ont pu immortaliser grâce à Claire, une des éducatrices. "On a pensé à prendre des appareils jetables pour chaque jeune" pour leur permettre de prendre "des photos de paysage", "les moments passés ensemble". 

Sur place, il n'y a que les trois téléphones des éducateurs. En cas d'urgence, ces jeunes ont le droit à cinq minutes pour appeler leurs proches. Rien de plus. Alexandre, 14 ans, apprécie visiblement le séjour. "On fait plein d'activités, j'ai même oublié que j'avais un portable."

De 8h à 23h, les activités se sont enchaînées. En vase clos, ils ont pu apprendre à se connaître, sans le moindre contact avec l'extérieur. Et le bilan ? Pour Alexandre, le retour à la maison a acté un changement d'attitude. "J'ai rejoint ma mère, je lui ai fait un câlin, j'ai joué avec mes petites sœurs et j'ai laissé mon portable de côté." 

"Durant les activités, dans les relations humaines, ils ont montré une certaine forme de solidarité", se félicite Antoine, éducateur. Pour lui, "il ne faut pas dire que le portable ne sert à rien", mais il s'agit de s'"en détacher pour profiter d'autres choses essentielles". Une opération qui devrait être reconduite pour que les bienfaits de cette colonie déconnectée perdurent dans le temps !