INVITÉ RTL - Viol à Courbevoie : Le président du Crif appelle à ne "pas faire de compromis" sur les questions d'antisémitisme

Samedi 15 juin, une fille de 12 ans a été violée à Courbevoie, dans le département des Hauts-de-Seine. Depuis, deux garçons de 13 ans ont été mis en examen pour viol en réunion, menaces de morts, injures et violences à caractères antisémite. Ils ont également été placés en détention. Dans le contexte politique actuel de campagne électorale, ce drame est largement commenté.

Cinq jours après l'agression, Emmanuel Macron a demandé la mise en place d'un temps d'échange sur le racisme et l'antisémitisme dans les établissements scolaires au regard de l'âge des garçons mis en cause. 

S'attaquer à l'antisémitisme dès l'école apparaît donc comme l'une des clés pour le combattre. "Il y a besoin aujourd'hui d'une réaction qui soit celle de l'école parce que pour la première fois depuis la Shoah, on voit qu'on a des nouvelles générations qui sont plus perméables, plus poreuses aux préjugés antisémites que les générations précédentes. 

Cette heure supplémentaire, cette semaine de sensibilisation sur le sujet n'est qu'une étape parce qu'évidemment, il faut regarder le phénomène dans toute sa complexité, notamment le fait que l'antisémitisme d'aujourd'hui se nourrit de la haine d'Israël, du complotisme, de l'islamisme, et que c'est l'ensemble du phénomène qu'il faut maintenant combattre", estime Yonathan Arfi, président du conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). 

Les chiffres des actes antisémites ont augmenté de plus 1000% sur le dernier trimestre 2023

Yonathan Arfi, président du Crif

L'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre dernier semble être un point de bascule. Un ressenti qui a été mesuré statistiquement. "Les chiffres des actes antisémites ont augmenté de plus 1000% sur le dernier trimestre 2023 et de plus 300% sur le premier trimestre 2024. C'est une réalité incontestable et il y a besoin qu'il y ait une prise de conscience générale parce que ce sujet-là concerne bien entendu les Français juifs, mais avant tout l'ensemble des acteurs de notre société parce que ce qui est en train de s'effriter, c'est notre capacité à ce que chacun vive sereinement dans la société française. Notre modèle de société s'effondre", déplore le président du Crif. 

Les partis politiques épinglés

Dans ce contexte particulier de campagne législative, tous les responsables politiques ont condamné ce drame mais ils s'accusent aussi d'en être pour partie responsables. Yonathan Arfi n'est pas totalement convaincu par ces condamnations, à droite comme à gauche. "Je lui [Jean-Luc Mélenchon, ndlr] reproche simplement sur le sujet de ne pas avoir la cohérence de dénoncer les sources de cet antisémitisme et notamment le fait qu'il a effectivement été attisé par un climat délétère nourri par La France insoumise", indique-t-il. 

"Je regrette que le Rassemblement National, qui cherche à faire croire qu'il est un rempart contre l'antisémitisme, n'ait pas la force de dénoncer sa propre histoire et n'ait pas non plus la clairvoyance de rappeler qu'en fait un projet populiste ne pourra jamais être un rempart contre l'antisémitisme", ajoute-il.

Le président du Crif appelle à ne "pas faire de compromis" sur les questions d'antisémitisme. Il vise notamment la gauche républicaine qui s'est alliée à La France insoumise. "La gauche républicaine s'est construite autour d'une colonne vertébrale qui est la lutte contre l'antisémitisme depuis l'affaire Dreyfus. Avoir aujourd'hui accepté d'en faire un sujet secondaire sur lequel on peut transiger au moins temporairement, c'est quelque chose qui nous a fait très mal", confie-t-il. 

Le ralliement d'Éric Ciotti au Rassemblement National a également été "vécu comme une forme de trahison". 

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