Intelligence artificielle : peut-elle sauver le climat ? Jean-Marc Jancovici répond

Les patrons d'Apple et de Microsoft prétendent que l'intelligence artificielle va pouvoir nous aider à sauver le climat. Selon Cédric Villani, l'IA rassemble "tous les développements informatiques non encore aboutis qui sont porteurs de promesses et de fantasmes qui permettent de faire le buzz". 

Selon lui, une fois qu'une application fonctionne sur un objet précis, on ne parle plus d'intelligence artificielle. On parle d'une application. C'est le cas pour un moteur de recherche par exemple. Alors, est-ce que l'intelligence artificielle, c'est-à-dire, en gros, le développement de l'informatique sur des trucs qui n'existent pas encore, va permettre de sauver le climat ? 

Malheureusement, pour le moment, c'est plutôt l'inverse. Le développement de l'intelligence artificielle contribue à augmenter de manière forte la pression sur le climat. Au moment où on a inventé le premier ordinateur, juste après la Seconde Guerre mondiale, l'appareil en question ne comportait que quelques dizaines de milliers de transistors et utilisait 0,0005% de l'électricité mondiale. Et pourtant, il pesait des dizaines de tonnes. 

Un impact négatif de l'IA sur la planète ?

Aujourd'hui, le digital représente 10% de la consommation mondiale d'électricité. C'est 4% de l'empreinte carbone du monde. Par exemple, sur les serveurs, qui sont favorisés par l'intelligence artificielle, leur consommation électrique pourrait doubler dans les deux à trois ans qui viennent sous la pression de l'IA et aussi des crypto-monnaies. 

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Pour le moment, le développement de ce qu'on appelle l'intelligence artificielle, c'est-à-dire en pratique des applications très gourmandes en ressources et en électricité, contribue à significativement augmenter les émissions. Microsoft a commencé par augmenter ses propres émissions de 30% ou 40% en quelques années parce que, justement, l'entreprise développe l'intelligence artificielle.

Peut-on mieux faire ?

On pourrait mettre sous contrainte les développeurs d'applications avec la mise en place d'un quota d'émission ou d'un quota d'électricité. Ils seraient limités et devraient se débrouiller afin de respecter les règles. C'est peut-être ce que la collectivité va être amenée à faire un jour quand il ne sera plus possible d'augmenter la production électrique.

Il va falloir qu'on se décide pour savoir si cette production existante, on va s'en servir pour faire avancer des voitures, fabriquer de l'acier, faire fonctionner les hôpitaux ou faire des larges modèles de langage qui permettent de retrouver plus vite des CV dans une base de données. Les arbres ne vont pas monter jusqu'au ciel. Et donc, il va bien se passer un moment où tout ça va devoir, soit par la contrainte, soit par notre volonté, se modérer.

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