Ils n'avaient qu'une seule aspiration bien légitime, celle de finir leur vie le plus tranquillement possible dans leur résidence senior adaptée à leur âge à Pontaven en Bretagne. Mais l'organisme qui leur louait les appartements a fait faillite. Et sans préavis, la lettre est tombée, implacable : ils ont trois semaines pour quitter les lieux.
Le choc est immense pour ces anciens qui avaient construit une vie entre eux dans une ambiance familiale. Tous autonomes, ils refusent de finir leur vie en Ehpad. Mais les solutions de repli n'affluent pas.
Yvonne, 89 ans, a quelques jours pour boucler ses valises, déménager ses meubles et ses bibelots, elle part en Belgique chez sa fille. "C'est scandaleux ce qu'il se passe. Je ne peux pas comprendre qu'il nous arrive une chose pareille à notre âge", déplore-t-elle. "C'est une décision brutale. On vous met le couteau sous la gorge", abonde Louis, un ancien inspecteur de police, 87 ans.
La structure qui leur louait des appartements pour le compte de propriétaires a fait faillite. "Moi, je ne pars pas. Ils viendront me chercher avec l'armée s'il le faut. J'ai vendu le camping-car, je n'ai plus rien", explique Gérard, 90 ans, qui entend bien faire de la résistance.
Les familles des seniors cherchent désespérément des logements, qui font défaut à Pontaven. "C'est honteux. Du jour au lendemain, ça nous tombe dessus. C'est consternant. Tout le monde est scandalisé", explique Christine, la fille de Denise, 95 ans.