Ille-et-Vilaine : la rédemption d'un pirate somalien devenu compagnon d’Emmaüs

"C'est la mascotte". Originaire d'un village au nord de la Somalie, Abdi est devenu pirate lorsqu'il était jeune. Il faisait partie d'un groupe qui avait pris en otage le voilier breton Le Tanit en avril 2009. Lors de cet assaut, le skipper Florent Lemaçon avait été tué. Arrêté puis jugé en France, Abdi vivait depuis en Bretagne. Toujours menacé d’expulsion vers son pays où il risque la peine de mort, il vient d’apprendre, par un arrêt de la cour administrative d’appel de Nantes, qu'il pourrait finalement rester en France où il compte désormais de nombreux soutiens. 

"Abdi m'a choisie comme faisant partie de sa famille, il est devenu mon frère de Somalie", confie Marie, une habitante de Hédé-Bazouges. "Hédé, c'est chez moi. J'ai fait une connerie dans ma jeunesse, maintenant, j'ai envie de vivre comme tout le monde", confie Abdi. "Je connais plein de monde ici. J'apprends même un peu la langue bretonne", ajoute-t-il avant de montrer ses progrès dans la langue régionale.

Il craint aujourd'hui pour sa vie s'il retourne en Somalie. "Il y a Daesh chez moi, c'est la guerre", déplore-t-il. Cadet d'une famille de cinq enfants, il avait été blessé au pied lors de la prise d'otage du voilier. Il est aujourd'hui soutenu par l'épouse du skipper décédé lors de l'intervention de la Marine nationale. Son quartier général s'appelle Le Central, un café géré par Myriam. "C'est la mascotte. On est tous là pour essayer de le défendre et de le garder avec nous. Il est hyper agréable, il arrive avec le sourire tout le temps et puis il est toujours prêt à rendre service à quelqu'un", assure-t-elle. 

Devenu compagnon d'Emmaüs, il a suivi sur son téléphone Violette Dorange dans le Vendée Globe. "Je suis un pêcheur à la base. Elle a 23 ans, j'aime beaucoup sa façon de faire", raconte Abdi. Un restaurateur a déjà donné son feu vert pour l'embaucher en CDI.