"C'est très poignant" : 140 lycéens normands visitent Auschwitz-Birkenau pour les 80 ans de la libération

27 janvier 1945. Il y a 80 ans, jour pour jour, les soldats soviétiques de l'Armée Rouge ouvraient les portes du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau en Pologne. Depuis, cette journée du 27 janvier est devenue la Journée Internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, soit près de 6 millions de juifs.

À cette occasion, et comme chaque année depuis dix ans, la région Normandie a proposé à 140 lycéens de plonger deux jours durant dans ce que fut l’horreur des camps d’Auschwitz et de Birkenau, principal lieu de déportation et d’extermination du IIIe Reich où, selon des recherches historiques, entre 1,1 million et 1,5 million de personnes furent torturées et assassinées.

Les camps d’Auschwitz et de Birkenau sont situés à environ 70 kilomètres de Cracovie. Il y a d’abord le camp d'Auschwitz construit en 1940 qui est le camp de concentration d'origine, et puis il y a celui de Birkenau construit un an plus tard à 3 kilomètres, un camp qui s’étale sur 175 hectares et qui était équipé de cinq chambres à gaz et de crématoriums.

Ce sont ces deux camps que chaque année, des centaines de collégiens et lycéens venus de toute l’Europe visitent dans le cadre du devoir de mémoire. La région Normandie est l’une des régions qui organisent ces voyages d’études en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

Découvrir l'horreur des camps

Grâce à eux, ces jeunes lycéens, accompagnés de leur professeur, ont pu découvrir l’horreur de ces camps. Ils viennent voir de leurs propres yeux ce que l’humanité a pu faire de pire en Europe.

Près de 2,3 millions de visiteurs chaque année

Une visite qui débute par la Judenramp, c’est l’endroit, le bout de la ligne de chemin de fer où arrivaient les trains déportant les Juifs de France et d'Europe avant que les nazis prolongent en avril 1944 cette voie ferrée pour mener les convois directement à l’intérieur du camp de Birkenau.

Chaque année, près de 2,3 millions de visiteurs pénètrent dans ce camp pour une visite guidée qui dure en moyenne 3 heures et qui commence généralement vers les baraquements en bois où étaient entassés les déportés.

Quelques centaines de mètres plus loin se trouve le quai de déchargement situé au cœur de ce camp de Birkenau, quai mis en service en mai 1944. Quelque 800 000 personnes ont débarqué à cet endroit, où avait aussi lieu la sélection. L’alternative était simple : apte au travail ou chambre à gaz.

Dans le deuxième cas, les juifs traversaient le camp à pied, en empruntant la Lager strasse, un long chemin caillouteux cernés de barbelés qui mène aux chambres à gaz et au crématorium, ou des dizaines de milliers de juifs ont été assassinés puis brûlés entre avril 1943 et janvier 1945.

La journée mémorielle se poursuit plus tard au camp d’Auschwitz 1 qui ne fait que 6 hectares, une ancienne caserne entourée de barbelés où, derrière le mur, se dresse la maison de Rudolf Höss qui fut dès 1940 le commandant du camp et qui fut condamné à mort et exécuté par pendaison le 16 avril 1947 au cœur du camp d'Auschwitz.

Des fours crématoires encore noircis de cendres

À l’intérieur du camp se trouvent des blocs, le musée d’Auschwitz a scénarisé les lieux que chaque visiteur perçoive ce qui a pu se passer dans ce camp. Il y a d’abord le bloc 27 où est exposé le grand livre des noms, un immense recueil, qui rassemble près de 6 millions de noms, soit ceux de TOUS les juifs morts pendant la Shoah.

Puis dans un autre bloc, les lycéens découvrent les cellules où étaient emprisonnés les plus récalcitrants, le mur où les prisonniers étaient exécutés et les vitrines où sont entassés des centaines de milliers de paires de lunette, de chaussures, de valises, des tonnes de cheveux.

La visite d’Auschwitz se termine en pénétrant dans la chambre à gaz restée intacte, où l’émotion est grande en découvrant les traces des griffures sur les murs et où il faut se retenir d’hurler en découvrant les fours crématoires encore noircis de cendres.

J'ai du mal à imaginer. C'est vraiment horrible

Enzo

"Il n'y a pas de mots. Depuis tout à l'heure, j'essaie juste de regarder, mais je ne dis rien, confie Enzo à RTL. Je me sens vide un peu. C'est affreux. J'ai du mal à imaginer. C'est vraiment horrible."

Et d'ajouter : "C'est très poignant. Ce devoir de mémoire... Cette idée de faire venir, de témoigner, de montrer ce qui s'est passé et de faire voir à notre génération que ce qui s'est passé et ne doit pas se reproduire".

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