La police fait de plus en plus usage de ses armes à feu. Au cours des six premiers mois de 2017, les déclarations d'usage de l'arme individuelle ont augmenté de 39,58% par rapport à 2016, en passant de 116 à 192. Des statistiques révélés le soir du 11 octobre 2017 par nos confrères de LCI.
D'après l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), cette "hausse significative de l'usage des armes à feu" s'était déjà amorcée fin 2016. Neuf mois après l'adoption
par le Parlement d'une loi assouplissant les règles de la légitime défense pour
les policiers, le nombre de tirs en direction de personnes dangereuses
"pour tuer ou blesser", reste stable d'une année sur l'autre, passant
de 17 à 19.
Mais il n'en va pas de même pour les tirs d'intimidation ou
de sommation, qui enregistrent "la plus forte progression", avec une
hausse de 89,47% (de 2 à 19 tirs). "Dans la majorité des cas, ces tirs
sont effectués alors que les policiers sont encerclés et pris à partie par des
groupes d'individus menaçants, armés et de plus en plus souvent cagoulés",
note l'IGPN.
"Dans la plupart de ces situations, la légitime défense
autoriserait les policiers à retourner leur arme en direction de leurs
agresseurs. Ces tirs sont donc justifiés et justifiables et n'ont pas en l'état
à être découragés", avance l'IGPN, selon qui, ils sont "révélateurs
de la hausse des violences exercées contre les policiers".
Dans une autre note publiée en juillet, l'IGPN s'alarme du
nombre "important" de tirs accidentels avec les nouvelles armes
longues dont certaines équipent les unités de police primo-intervenantes
depuis les attentats de 2015.
Au cours des six premiers mois de l'année, 19 tirs avec ces
armes ont été répertoriés dont 18 sont accidentels. Pour 2016, "ce
chiffre déjà élevé s'établissait à 65%", relève la police des polices. Ces
déclarations de tirs par imprudence concernent essentiellement l'utilisation des fusils d'assaut G36 et pistolets mitrailleurs Beretta 12SD.
Selon l'IGPN, la cause de ces tirs accidentels s'explique
"par un défaut de maîtrise d'armes plus complexes et plus
encombrantes". Si l'IGPN relève que les 18 usages d'armes "n'ont
heureusement pas fait de victime", il "convient aujourd'hui de
prendre en compte un risque non-négligeable pour des fonctionnaires ou des
usagers".
"Ces armes, nécessaires sur le plan opérationnel,
exigent un niveau de compétence plus important et ne peuvent être remises en
dotation qu'à des fonctionnaires, certes formés et habilités mais également
entraînés et rompus à leur manipulation", souligne l'IGPN.