Trois ans après le début de la mobilisation des "gilets jaunes", RTL vous emmène en Normandie, sur un lieu emblématique de la contestation : le rond-point de Saint-Étienne-du-Rouvray. Autour de la grande cabane aménagée et du terrain de pétanque, la mobilisation a tenu malgré l'affaiblissement du mouvement et la crise du coronavirus. Depuis quelques semaines, le passe sanitaire et la hausse des prix de l'énergie font même revenir des militants.
On les retrouve dans une cabane à la façade jaune et blanche, située sur le parking désaffecté entre le Buffalo Grill et le rond-point des Vaches. Ce dernier, symbole des luttes syndicales, est depuis trois ans le QG des "gilets jaunes" de Rouen et ses alentours. "Le propriétaire de la cabane ne nous embêtera plus, même si c'est illégal, car on ne lâchera rien", affirme l'un des militants.
"C'est un lieu où on fait des réunions sérieuses et puis il y a la détente aussi", explique un autre, alors que deux équipes s'affrontent sur le terrain de pétanque aménagé par le groupe. Les assemblées générales et les réunions festives n'ont en effet jamais cessé malgré l'essoufflement du mouvement et les confinements successifs. Cet affaiblissement "est dû au matraquage, parce qu'on a voulu nous faire passer pour des chômeurs qui ne font rien, des alcooliques, alors que ce n'est pas du tout ce qu'on représente", fustige Olivier, un gilet jaune de la première heure toujours coiffé d'un béret.
Le noyau dur d'une trentaine de militants s'est épaissi ces dernières semaines : désormais, cent personnes se retrouvent tous les jeudis soirs lors de l'assemblée générale hebdomadaire pour parler de "l'accumulation des lois liberticides, le passe sanitaire, l'augmentation des taxes puisque Macron nous pompe tout". "Nous avons effectivement des personnes qui se sont réveillées et viennent depuis septembre", confirme le militant.
De nouvelles revendications sont donc apparues, notamment la vaccination. "Je ne veux pas me faire vacciner car ma petites sœur est restée alitée plusieurs jours" à cause des effets indésirables", affirme une militante. "Je préfère rester dans la rue que de me faire vacciner", assure un autre, selon qui le passe sanitaire "est inutile". De son côté, Olivier a un passe sanitaire attestant de ses deux injections du vaccin contre le coronavirus. Le militant n'est pas rebuté par le vaccin, mais par l'obligation vaccinale.
La colère de la rue, marquée notamment par la violence et la casse, a poussé Emmanuel Macron à débloquer plusieurs enveloppes. Au total, 17 milliards d'euros pour les classes moyennes et les plus modestes. Pourtant, sur ce rond-point, le pouvoir d'achat reste l'un des principaux combats.
"Après le blabla de Macron, j'ai touché peanuts", raconte Carlos, fils d'immigré portugais et salarié dans une entreprise de climatisation qui vit avec moins de 1.200 euros par mois. L'homme affirme qu'il ne va pas pouvoir "tenir le coup" et être dans une situation "pire qu'en 2018". La situation de Frédérique n'a pas évolué non plus. Avec les 493 euros mensuels du RSA, cette femme doit "faire les poubelles".
Alors que la taxe carbone et la hausse des prix du carburant étaient à l'origine du mouvement, cette station de Saint-Étienne-du-Rouvray affiche le litre de sans plomb 95 à un niveau record d'1,80 euros trois ans plus tard. À six mois de l'élection présidentielle se pose alors la question du vote. De Philippe Poutou à Éric Zemmour, la quasi-totalité des prétendants sont cités. Tous sauf Emmanuel Macron, président à l'origine de la colère, haïs par les "gilets jaunes".
De nombreux militants opteront eux pour l'abstention. "On va avoir le droit à plein de bisous, de caresses, de promesses et après quand ils sont là-haut ils ne font rien du tout", fustige l'un d'entre eux. "C'est impossible d'avoir un parti politique avec tous les camps, on ne se retrouve pas dans ces représentants", explique un autre au sujet des candidats "gilets jaunes".
D'autres encore considèrent que l'avenir du mouvement se jouera dans la rue, par la violence. "Je suis pour la destruction totale : tout détruire pour recommencer", indique un militant de 38 ans. "C'est un des pires gouvernements de la Ve République", affirme-t-il. "Nous sommes et resterons pacifiques", tempère néanmoins un autre membre du collectif qui appelle désormais à des actions péage et parking gratuits.
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