François Cuenot : "les normes antipollution ne représentent pas la réalité"

François Cuenot, chargé de mission pour l'ONG "Transport et Environnement", était l'invité de RTL midi du mardi 22 septembre pour réagir sur le scandale des véhicules diesel Volkswagen truqués pour passer les contrôles antipollution aux États-Unis.

Alors qu'il prend une dimension planétaire - le groupe a avoué que 11 millions de véhicules étaient équipés -, le marché européen peut-il est concerné? Pour François Cuenot, cela ne fait aucun doute. "Si on regarde les parts de marché, le marché européen est aujourd'hui le plus gros marché au monde au niveau du moteur diesel", explique-t-il. Il est très probable qu'une grande partie de ces 11 millions de véhicules se trouve en Europe.

Des écarts entre les mesures en laboratoire et en conditions réelles

L'expert n'est pas non plus surpris qu'un tel scandale éclate. "On s'y attendait", dit-il, avant d'expliquer que l'ONG a publié "pas plus tard que la semaine dernière" un rapport montrant "qu'entre les conditions d'essai en laboratoire et les conditions normales, il y avait un seul véhicule sur 10 en Europe qui atteignait la valeur limite réglementaire, donc a priori 9 sur 10 sont en infraction. Il n'y avait pas que des véhicules Volkswagen dans le lot".

Un véhicule diesel Euro 6 tout neuf émet en moyenne en conditions réelles cinq fois la norme, et cela peut aller jusqu'à 22 fois la norme pour certains véhicules. Le problème c'est qu'en laboratoire les normes Euro 6 sont respectées, mais pas en usage normal".

François Cuenot

Des failles dans le système européen?

Selon François Cuenot, les normes antipollution Euro 6 "sont légales mais ne représentent pas la réalité". Il explique que la loi européenne dispose que les systèmes de dépollution doivent fonctionner en conditions normales de conduite et que les constructeurs jouent sur ce terme.

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Peut-on alors parler de failles dans système européen? Alors qu'en Europe, 55% parc automobile est au diesel, y a-t-il eu laxisme? "C'est parce qu'il y a eu de gros enjeux financiers dès le début du diesel dans les années 70-80. On a voulu donner un encouragement aux constructeurs pour développer cette technologie au détriment de la pollution de l'air", assène François Cuenot. Par ailleurs, aujourd'hui, la technologie joue en faveur de la fraude. "Avec les capteurs et les ordinateurs de bord, il est assez facile de savoir que le véhicule est testé et d'en adapter le fonctionnement".