Âmes sensibles s’abstenir. Nous allons parler de la mort et pas en version Bac philo, ni en mode romantico-gothique. Non, la mort dans ce qu’elle a de plus trivial, de plus terre à terre. Parce qu’en lisant Marianne cette semaine, j’ai découvert deux choses : un métier que je ne connaissais pas, et les arnaques qui vont avec : le métier de nettoyeur post-mortem.
Illustration dans une zone résidentielle de Limay, dans les Yvelines. Dans un petit pavillon, un homme est mort d’une hémorragie digestive. Ce n’est que deux jours plus tard que son beau-frère l’a découvert. Bien sûr, le corps a été emporté. Mais ce qui reste est indescriptible.
Des flaques, des débris, et puis des odeurs qui torturent les muqueuses, écrit Marianne. Trois hommes débarquent alors dans un pick-up noir. Ils enfilent des gants en latex, une combinaison blanche, un masque… Ce sont les nettoyeurs de la société Sang Froid, fondée par Baptiste Girardet.
Lui, c’est un ancien de la police scientifique, ex-pompier aussi. Ces scènes cauchemardesques, c’est son quotidien. Ni les pompiers, ni les services funéraires ne nettoient les traces de la mort, le sang, les graisses, les bestioles… Il faut bien que ça se fasse. "Les gens pensent qu’on peut nettoyer avec du Mr. Propre, mais il y a des éléments pathogènes", dit l’un des employés. Pour déloger les germes coincés dans le plancher, il utilise des produits "biocides". Mais, aussi des microfibres jetables, des micros brosses, des filtres à air pour chasser les relents pestilentiels. Rien ne doit rappeler ce qui s’est passé, la moindre épingle de sang séchée doit partir, question de principe. Drôle de métier, seuls quelques spécialistes le font bien, mais pas pour rien : Sang Froid facture ses opérations entre 800 et 2.000 euros. "Mais sans nous, les familles se retrouvent à nettoyer elles-mêmes le sang de leur proche, dit Girardet. Personne ne devrait avoir à faire ça."
Julia, qui est gendarme, a souvent vu les proches blêmir en découvrant la scène de mort. Ils sont sidérés, et très vite ils cherchent de l'aide. “Ils tombent sur des sites web très alléchants, dit-elle, qui jouent sur la corde empathique, qui disent : 'On s’occupe de tout'. En fait ce sont des entreprises malveillantes qui ont très bien vu la brèche."
Le patron d’un hôtel de l’Essonne en a fait les frais. L’un de ses clients est mort dans son lit. Pendant onze jours, la chambre est restée sous scellés. Après, elle était inutilisable, je vous épargne les détails. Premier devis : plusieurs milliers d’euros. Et puis le directeur trouve une entreprise qui lui demande 400 euros seulement. Il fonce. À tort. "La personne est venue seule, dit-il, sans matériel, avec une pompe à air de supermarché. Elle est restée un quart d’heure." Les tâches de sang, elles, ne sont pas parties.
Marianne a contacté huit entreprises trouvées sur Google, pour une intervention fictive… L’une a proposé un devis à plus de 2.400 euros sans même se déplacer. Une autre a reconnu qu’elle n'évacue pas les déchets infectieux selon le protocole sanitaire en vigueur. Ce post-mortem low cost exaspère les vrais pros.
En fait, il y a un vide : les frais de décontamination ne sont jamais pris en charge, ni par les assurances ni par la justice. "Et puis notre métier n’existe pas, il n’y a pas de certification, dit le patron de Sang Froid. Les escrocs en profitent". Lui, il est allé chercher une certification au Canada. Il en existe aussi aux États-Unis ou en Angleterre, mais toujours rien en France. Mourir peut attendre. On dirait un James Bond...
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