Il y a 80 ans, le 10 juin 1944, des SS de la division Das Reich ont massacré la population et incendié Oradour sur Glane, un gros bourg de Haute-Vienne. Un massacre de masse qui a fait 643 morts. La guerre n'est même pas encore terminée quand le Général de Gaulle décide que les ruines seront conservées pour ne jamais oublier la barbarie nazie. Mais le temps a fait son œuvre de dégradation. La fondation de patrimoine du Limousin a donc lancé une collecte, avec à ce jour près de 2 millions d'euros déjà de dons réunis. Des travaux vont commencer pour restaurer le village martyr.
Agathe Hébras, de la fondation du patrimoine et petite fille de survivant, nous guide dans les rues du village, balayées par le vent. Elle marche sur les rails de l'ancien tramway qui circulait le long de la rue principale. "On a des bâtiments où on n'a plus vraiment de façade, où on n'a plus d'élévation. Par exemple, à la grange Laudy, qui est la grange où mon grand-père a été amené. C'est dans cet îlot-là qu'il va prendre la fuite avec les quatre autres rescapés de la grange. Eh bien, aujourd'hui, il est assez compliqué d'expliquer quel est le trajet qui a été fait. Et donc, il est très important qu'on puisse avoir toujours des élévations et pas seulement des murets de 50 centimètres."
Sur l'année 2024, plusieurs chantiers vont commencer : la restauration de la quincaillerie qui se trouve sur la place du Champ de Foire, qui est très visible, il y a des barrières et des étais, la restauration également de la boucherie Lanot, parce qu'elle est sur la rue principale et que c'est un des bâtiments emblématiques d'Oradour. Et puis deux autres chantiers seront menés sur des granges. Plus la collecte sera importante, plus les fonds seront débloqués rapidement.
L'après-midi du 10 juin 44, les SS rassemblement la population sur le champ de foire, séparent les hommes des femmes et des enfants. Les hommes sont mitraillés et brûlés dans des granges. Les femmes et les enfants mitraillés et brûlés dans l'église. Tout le village est incendié. Une classe de 3eme venue de Biarritz vient de terminer la visite. Les élèves sont marqués. "Oradour, je ne savais même pas que c'était aussi grand. Là, on imagine bien comment tous les habitants ont été pris", raconte l'un. "On peut s'imaginer à leur place, parce qu'on est vraiment où ils étaient eux. Pour des jeunes de 14 ans comme nous, on n'est pas assis sur une chaise en cours en train d'écouter quelqu'un qui nous dit qu'il y a des gens qui sont morts. Là, on voit les traces d'incendie. dit un autre. "C'est la preuve que ça a existé, c'est beaucoup plus choquant."
L'accès au village martyr est gratuit pour que l'argent ne soit pas un frein à la connaissance et à la mémoire. L'Etat, propriétaire des ruines depuis 1946 finance des travaux, l'église a d'ailleurs été restaurée récemment, mais cela ne suffit pas. Il faut 15 à 20 millions d'euros pour le plan de restauration qui vient d'être établi.
La Fondation du patrimoine du Limousin a lancé la collecte en juin 2023. Benoit Sadry le président de l'association des familles des martyrs d'Oradour le dit : "Au moment où la mémoire des hommes disparaît parce que les derniers témoins disparaissent, il faut que la mémoire des pierres continue. Tout le monde peut donner". Les "petits" dons ont déjà permis de collecter près de 300.000 euros, une fondation de grande entreprise a promis un million d'euros, et une femme qui souhaite restée anonyme a donné 500.000 euros, elle a juste fait savoir qu'elle était Alsacienne. Et c'est un geste particulièrement fort. Les relations entre l'Alsace et le Limousin sont compliquées.
Dans la division SS Das Reich, il y avait des soldats alsaciens incorporés de force, on les appelle les "Malgrés nous". Ces Alsaciens ont été jugés en 1953 et condamnés à la prison, mais au nom de l'union nationale française, les députés ont voté dans la foulée une loi d'amnistie. Décision inacceptable à Oradour. Alors ce don aujourd'hui, c'est un symbole important explique Agathe Hébras. "La volonté de cette dame, c'est de dire qu'il faut que l'Alsace et le Limousin parviennent à vivre ensemble sans qu'il y ait de rancœur. Je la remercie vivement. J'aimerais pouvoir dire un jour, effectivement, l'Alsace et le Limousin travaillent ensemble et donc partagent ce même devoir de mémoire sans se dire que ce sont deux histoires qui ne peuvent pas se concilier. Mon grand-père n'a pas réussi à le faire et donc j'aimerais bien pouvoir réussir."
Au delà des ruines, la mémoire reste vive. Des historiens continuent de travailler sur Oradour, collectent documents et photos. La 643eme victime, une femme réfugiée espagnole de 75 ans a été identifiée il y a 4 ans seulement.
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