Leur association a été créée en 2018, après la mort d'un jeune dans une rixe. Depuis, ces femmes sont mobilisées pour ramener le calme dans les cités, et récemment pendant les dernières émeutes. Le jour de notre rencontre, certaines ont marché plus d'une heure après le travail pour rejoindre la maison de quartier des Tarterets, le point de rendez-vous. À peine arrivées, elles enfilent leurs gilets roses et embarquent à bord du monospace de l'association. Au volant, Fatimata Sy, la présidente du collectif. "On va sillonner les quatre quartiers de la ville pour aller à la rencontre des jeunes, leur tendre la main. La plupart ne partent pas en vacances, ils ont besoin de distraction", explique-t-elle à RTL.
Vitre ouverte, Fatimata salue les habitants, qui reconnaissent son gilet rose. Puis elle nous fait visiter le quartier du haut des Tarterets, marqué par les récentes émeutes. "On aurait cru une scène de guerre. Il y avait des émeutes avant mais ce n'était pas aussi violent. Les jeunes se déplaçaient en masse mais impossible de leur parler", confie-t-elle. Sur des places en béton, derrières des immeubles du quartier de la Nacelle, des petits groupes font leur apparition.
La mission première des gilets roses cet été, c'est de prendre le pouls du quartier. D'un pas assuré, les mamans vont d'abord au contact des plus âgées, ils ont entre 16 et 17 ans. Et ils passent leur été au quartier. "Je voulais faire un groupe WhatsApp avec vous, comme j'ai fait avec les autres jeunes du quartier, pour organiser une sortie, aller au cinéma, par exemple", propose-t-elle.
Au début, ils pensaient qu'on travaillait pour la police. Maintenant, ils commencent à comprendre qu'on est dans leur camp. Pas contre la police mais juste pour eux
Fatou, une maman gilet rose
Rapidement, le sujet des émeutes revient dans les discussions. "Les émeutes, c'est allé trop loin. C'est allé vite. La police vient, elle nous tape, on n'a pas aimé", explique un jeune. Les mots sortent timidement, la confiance est difficile à renouer pour Fatou, une maman gilet rose. "Au début, ils pensaient qu'on travaillait pour la police. Maintenant, ils commencent à comprendre qu'on est dans leur camp, qu'on n'est pas contre la police mais juste pour eux, pour qu'il y ait moins de tensions", souligne-t-elle. Moins de tension et de rixes, car aucun de ses jeunes n'ose traverser la ville à cause des rivalités entre bandes.
La sensibilisation commence dès le début de l'adolescence. Un groupe surexcité de "petits", comme on les appelle au quartier, nous rejoint rapidement sur la place. "Vous êtes au collège. Il y avait des émeutiers parmi vous. Quand vous vous battez, on stresse, parce qu'on a déjà les grands qui ont des problèmes. Vous vous condamnez à être un raté de demain", les avertit Fatimata. Eux non plus ne partent pas en vacances. Et ils ont une liste bien précise de doléances pour les mamans : plus d'activités extra-scolaires, un nouveau terrain de foot, un parcours d'accrobranche plus accessible...
À la fin de la maraude, Fatimata affiche un sourire satisfait, elle remontera ces informations à la préfecture. "On ne peut pas parquer les gens dans des ghettos et ne pas s'en occuper. Il faut que l'État prenne ses responsabilités et implique les familles. On est les ambassadrices des quartiers populaires. Il faut nous consulter et employer ces mères actives qui sont sur le terrain et proches des jeunes pour éradiquer ce fléau de la violence", résume Fatimata. La nuit tombe sur Corbeil-Essonnes. Ces mamans doivent retrouver leurs propres enfants avant d'enchaîner une nouvelle journée de travail.
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