Selon nos informations, un budget supplémentaire de 400.000 euros pour 2020 sera attribué au numéro 119, pour rendre plus efficace, le centre d’écoute contre les violences faites enfants et pour aider les parents en difficultés.
Ce budget, alimenté pour moitié par l’État et pour moitié par les conseils départementaux, devrait permettre le recrutement de cinq postes d'écoutants spécialistes pour recueillir les témoignages d’enfants ou d’adultes qui alertent. Trois cadres seront également recrutés pour fluidifier le travail des écoutants, pour uniformiser le recueil de données d’un département à l’autre et pour prendre davantage en compte les témoignages de personnes sourdes et malentendantes.
Au-delà de la plateforme d’appels qu’est le 119, les modes de recueil des témoignages vont être élargis. Un tchat via une plateforme Internet va être mis au point, car il est parfois plus simple pour les victimes d’évoquer ce qu’elles subissent, en écrivant derrière leur ordinateur.
400.000 euros de plus, c’est une augmentation de 8% du budget du Groupement d’intérêt public enfance en danger, qui gère à la fois le 119 à l’échelle nationale et l’observatoire national de la protection de l'enfance.
Au GIPED, la Directrice Générale Violaine Blain se montre prudente : "On est content d’avoir été entendu dans notre besoin de renforcement des moyens. Encore faut-il que ces moyens soient pérennisés au-delà de 2020". Un premier budget de 4,6 millions d’euros pour 2020 devrait être adopté ce mardi 19 novembre et la rallonge budgétaire interviendra en début d'année prochaine.
Du côté des associations, c'est le soulagement. Martine Brousse, la présidente de l’association La voix de l’enfant, parle d'une avancée considérable: "Ça sera jamais suffisant, mais c’était inespéré. On s’est battu pendant des années, puisqu’à un moment les budgets baissaient. Là, non seulement ils ont été stabilisés en 2019, mais en plus ils vont augmenter en 2020 d’une façon conséquente".
L’objectif du gouvernement avec cet effort budgétaire, est qu’il y ait à l’avenir "zéro appel sans réponse". Or aujourd’hui, "deux tiers des appels entrants pour le 119 font l’objet d’une invitation à rappeler et ne sont donc pas traités immédiatement", explique-t-on au ministère de la Santé.
La plateforme téléphonique 119 a enregistré en 2018, 476.039 appels, soit plus de 1.300 appels par jour. À l’arrivée, ce sont des psychologues, des travailleurs sociaux ou des juristes qui prennent le temps d’écouter, de prendre note et d’orienter les victimes ou les témoins de cas de maltraitance physique, sexuelle ou psychologique. Chacun de ces salariés est formé près de 70 heures avant d’intervenir. Le centre d’appel est ouvert en continu : 7j/7, 24h/24, d’où un besoin criant en moyens supplémentaires.
À l’heure actuelle, non seulement la plateforme téléphonique manque de moyens, mais en plus, le nombre d’appels est amené à augmenter. Le secrétaire d’État Adrien Taquet a récemment expliqué lors d’une rencontre de l’Ajis (association des journalistes de l’information sociale) que "seule une personne sur quatre appelle le 119 face à une suspicion de violence".
Le but serait donc également de libérer la parole, de faire en sorte que l’appel au 119 soit un réflexe dès qu’il y a un doute. Cela passera par une campagne de communication dans les médias et par davantage de formation et de sensibilisation des professionnels au contact des enfants, médecins et enseignants notamment.
Pour Adrien Taquet, "les violences sexuelles faites aux
enfants devraient faire la une de l’actualité politique et médiatique". Le
secrétaire d’État avance un chiffre terrible : l’inceste pourrait concerner 6%
de la population française, soit 4 millions de Français.
Au-delà du témoignage des victimes, le gouvernement
réfléchit donc à agir en amont des violences et des abus, pour éviter que
l’irréparable ne soit commis. Dans ce cadre, une initiative développée en
Allemagne paraît intéressante : une
plate-forme de dialogue pour éviter que des auteurs de violences en puissance
ne passent à l’acte. Au lieu d’être laissés seuls face à eux-mêmes, ces
personnes peuvent ainsi se tourner vers des spécialistes, avoir une écoute et
être orientés vers une structure adaptée.
En 15 ans, la plateforme allemande
aurait reçu 15.000 appels. Ce travail en amont, pourrait faire partie des axes
de travail français pour mieux lutter contre les violences faites aux enfants.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous