Église catholique : comment expliquer le retour en force des baptêmes ?

Noël n'est pas la plus grande fête de la religion catholique, c'est bien évidemment Pâques. En ce week-end pascal, week-end de célébration, plus de 10.000 adultes vont être baptisés, soit 45% de plus que l'année 2024.

De plus en plus de jeunes décident de rejoindre l'Église à l'âge adulte, à l’image d’Antoine : "J'ai une famille qui est grandement athée. (…) J'ai poussé la porte d'une église et je suis allé à deux, trois messes sans trop savoir ce qu'il fallait faire. J'ai assisté au mariage de mon meilleur ami. Le prêtre était à la même table que la mienne, donc on a beaucoup discuté. Moi, je ne me sens pas tellement à contre-courant parce que, justement, je pense qu'il y a une réelle vague nouvelle, un besoin d'identité, d'appartenir à quelque chose. Je n'ai pas de honte à en parler autour de moi. Mes parents ne sont pas chrétiens mais pour autant ils seront là à mon baptême."

Ça fait plusieurs décennies que des parents baptisent de moins en moins les bébés et les enfants. Ils sont parfois catholiques, mais laissent le choix à leurs enfants. S’ils sont éloignés de la religion, c'est plus tard, à l'âge adulte, que la décision se prend.

Les 18-25 plus nombreux, une première

Parmi les catéchumènes, nom donné aux adultes et adolescents qui demandent le baptême, les 18-25 ans sont les plus nombreux cette année. C’est la première fois qu'ils devancent les 26-40 ans. Un rajeunissement qui fait que la part des étudiants augmente. Ils représentent plus d'un quart des adultes qui demandent le baptême en 2025.

Les ouvriers, techniciens et employés issus de milieux populaires restent majoritaires chez les catéchumènes. La moitié sont issus de familles de tradition chrétienne. Près de 40% n'avaient pas de religion déclarée avant, et 7% viennent d'autres religions. Ce sont très majoritairement des femmes, 63%. Les trois quarts vivent en ville, c'est là que les paroisses sont les plus dynamiques, qu'il y a des groupes d'aumônerie pour les jeunes. Le monde attire le monde.

Les scandales ne freinent pas

Comment expliquer ce retour vers l’Église ? Les évêques de France y voient trois raisons principales. Des catéchumènes qui ont une expérience de vie cabossée, difficile et qui trouvent du soutien dans la foi. D'autres déboussolés par la société actuelle et qui cherchent du sens. Et puis il y a ceux qui cherchent une structure, un cadre, des règles à suivre.

Le point commun de tout ça, c'est le besoin d'appartenance à un groupe, à une communauté. Et c'est une surprise pour les évêques, il y en a beaucoup qui se sont dit très étonnés d'avoir vu autant de monde dans les églises le mercredi des Cendres pour démarrer le carême. C'est aussi un défi, comment accueillir ces nouveaux venus et les accompagner sur le plan spirituel ?

Les différentes affaires qui ont récemment touché l’Église ne semblent pas freiner les nouveaux baptisés. Ils ont l'air de faire la part des choses : des scandales d'abus sexuels, il n'y en a pas que dans l'Église. Et puis eux décident de suivre un parcours de foi personnel. D'ailleurs, le catéchuménat est exigeant, ça dure plusieurs mois avec de la catéchèse et de nombreux rites.

Un grand impact des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux ont, en tout cas, un réel impact. Ça a ouvert les vannes. Il y a des catholiques actifs sur les réseaux, comme Sœur Albertine ou Frère Paul Adrien, qui contribuent à vulgariser, à populariser des concepts, des valeurs catholiques. Puis il y a des influenceurs et des influenceuses qui, tout à coup, se sont mis aussi à raconter leur expérience, notamment sur le carême, le jeûne, la prière... Comme pouvaient d'ailleurs déjà le faire des influenceurs musulmans à propos du Ramadan.

L'Église a bien compris qu'il fallait regarder de près ce phénomène des réseaux. Catherine Chevalier travaille pour la Conférence des évêques de France : "Il y a des liens entre la conférence des évêques de France et la plupart des influenceurs chrétiens. À l'occasion du carême où il y avait beaucoup de questions des jeunes et des fois des choses pas très ajustées, un certain nombre de prêtres ont pris la parole sur les réseaux sociaux pour repositionner ce qu'est justement le carême pour les chrétiens. Je pense que c'est important que l'église institutionnelle soit aussi présente pour donner des repères."

Tous les catéchumènes qui vont être baptisés ce week-end racontent les rencontres qui ont été décisives dans leur parcours. Ça a pu commencer, pour certains, sur les réseaux sociaux, et puis dans les cercles d'amis suivis des premiers pas, dans les aumôneries, dans les paroisses. Alors évidemment à la question du pourquoi autant de nouveaux baptisés pour l'église, une chose est sûre, Dieu est à l'œuvre.

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