ÉDITO - "Louise, Elias, Philippine, assassinés alors qu'ils cheminaient sans rien demander", dénonce Isabelle Saporta

Louise, 11 ans, est la plus récente victime d'une série d'assassinats absolument horribles qui endeuillent la France ces derniers mois. Avant elle, il y a eu Elias, il y a eu Philippine. On ne devrait pas avoir peur de laisser une enfant de 11 ans aller à l'école toute seule quand elle habite à deux pas du collège. On ne devrait pas avoir peur de laisser son fils adolescent de 14 ans revenir du foot avec un copain. On ne devrait pas avoir peur de laisser sa fille de 19 ans revenir de la fac toute seule. 

Louise, Elias, Philippine, tous les trois assassinés alors qu'ils cheminaient jusque chez eux sans rien demander. On est en France, 7e puissance mondiale, et les parents ont peur. Alors, ils s'organisent, comme dans l'Essonne, où Louise a été assassinée. Ils ont mis en place un système de pédibus, une sorte de ramassage scolaire, pour qu'aucun jeune ne fasse seul le trajet.

Je suis inquiète, comme tous les parents pour mes enfants, inquiète aussi de ce que devient notre pays, inquiète de ce que cette violence incontrôlée va engendrer. Quand les parents ont peur, et ils ont des raisons d'avoir peur, ça commence par des ramassages scolaires qu'ils organisent seuls. Puis si l'État reste défaillant, s'ils ne se sentent plus protégés, ça finira en ronde d'autodéfense et donc ça finira très mal. Alors, plutôt que de nous endormir avec des cellules psychologiques pour nous aider à pleurer nos morts, on veut de la sécurité, maintenant. On veut une justice diligente, maintenant. On est à la veille du basculement de notre société dans le chaos. Il est temps de se réveiller.