Emmanuel Macron réunit ce vendredi 2 septembre un Conseil de défense à l'Élysée pour faire le point sur l’approvisionnement en gaz et en électricité et passe en revue les différents scénarios afin de réaliser des économies et éviter la pénurie.
Le gouvernement pourrait en ressortir en mettant la pression sur les ménages plutôt que sur les entreprises. Le changement de pied est rapide car lundi encore, la Première Ministre, devant le Medef, demandait aux entreprises de réduire leur consommation de gaz et d'électricité, sinon elles seraient les premières à subir des restrictions.
Les entreprises devront être plus sobres (c'est dans leur intérêt de toute façon) mais les ménages aussi. Et c'est le discours qu'on va de plus en plus entendre. On va nous res-pon-sa-bi-li-ser.
C'est ce qu'on appelle en économie un "effet de levier". Quand 30 millions de ménages dans le pays font des petits gestes pour dépenser moins, ça a plus d'impact et c'est meilleur pour l'économie que de couper le courant aux grandes entreprises.
C'est prouvé. Si les ménages font des efforts, c'est aussi puissant que si des entreprises réduisent leur production. Si tout le monde joue le jeu. On va faire une simulation ensemble. Si nous réduisons tous (collectivement) de 2 degrés la température chez nous cet hiver, nous allons consommer 14% de gaz en moins. Quasiment la quantité de gaz russe qu'on importe tous les ans. Ça correspond à 45 milliards d'euros de production industrielle. Mettre un pull évite à l'industrie française de réduire sa production de 45 milliards.
En faisant des économies, nous protégeons nos emplois en somme. Et ce n'est pas soutenir honteusement le grand capital que de dire ça. Regardez, en quelques jours : les cristalleries d'Arques vont mettre leurs 1.600 salariés au chômage partiel pour réduire la production et donc la facture énergétique. Duralex aussi. L'industrie du verre consomme énormément de gaz. L'aciérie Ascometal fermera ses portes 3 semaines en décembre. Le président de l'ANIA qui représente l'industrie agro-alimentaire évoquait cette semaine une entreprise de charcuterie industrielle qui a vu sa facture de gaz passer de 2 millions l'an dernier à 6 millions cette année et à 14 millions l'an prochain.
Les conséquences économiques et sociales risquent d'être terribles dans les prochains mois si on fragilise trop notre tissu industriel.
Le gouvernement ne peut pas nous obliger à baisser le chauffage et à faire des économies chez nous. Mais il peut nous sensibiliser aux enjeux. On appelle ça en langage ministériel le "signal prix".
Laisser les factures remonter à partir de janvier. En finir avec la ristourne sur le carburant. Bref, taper au portefeuille pour nous inciter à devenir plus économes. Un ménage qui se chauffe au gaz et qui baisse la température de 2 degrés va économiser 160 euros par an en moyenne sur sa facture. Ça, ça peut nous inciter à devenir de bons citoyens !
Les entreprises vont quand même faire des efforts. Mais à l'issue du Conseil de Défense d'aujourd'hui, on pourrait les inciter à faire des économies d'énergies qui n'impactent pas la production en tant que tel.
Par exemple, une source à Bercy me disait qu'on pourrait encourager les entreprises à avoir recours systématiquement au télétravail le vendredi ou le lundi pour réduire fortement le chauffage trois jours de suite sans conséquence sur les salariés. C'est une piste. L'expérience du COVID et des confinements va peut-être nous aider, c'est déjà ça !
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