À partir du 1er septembre 2018, les transports en commun à Dunkerque vont devenir entièrement gratuits. C'est la première fois qu'une agglomération de cette taille (200.000 habitants) va passer au gratuit. Car l'expérimentation menée actuellement le week-end est probante. Depuis 2015, depuis qu'il n'y a plus besoin de ticket sur les neuf lignes de bus de la communauté urbaine de Dunkerque, la fréquentation a bondi (+29% le samedi, +70% le dimanche). Le bus était en panne à Dunkerque (moins de 5% des déplacements). La gratuité généralisée en 2018 devrait faire doubler le nombre de voyageurs.
Faire redémarrer le transport collectif. C'est le premier objectif mais ce n'est pas le seul, explique Patrice Vergriete, le maire divers gauche de Dunkerque. "Une personne m'a dit un jour qu'avec le bus gratuit elle pourra aller voir plus de fois sa maman atteinte de la maladie Alzheimer. D'autres personnes âgées isolées m'ont raconté qu'elles faisaient des tours de bus le week-end", raconte-t-il. "Quand on est un maire, tout cela est fabuleux. Ce sont des effets induits auxquels on n'avait pas forcément pensé au départ, mais qui montre aussi qu'avec une innovation sociale comme ça on peut permettre d'améliorer le lien social", se félicite-t-il.
Rendre les bus gratuits, combien ça coûte ? Aujourd'hui à Dunkerque, les recettes des tickets de bus ne financent que 10% du coût du transport en commun, contre 28% en moyenne en France. La communauté d'agglomération n'aura que 4,5 millions d'euros sur 45 millions de budget à compenser. "C'est un choix politique", explique le maire, qui avait fait de la gratuité un engagement électoral.
Dunkerque n'est pas seule à s'engager dans cette voie. Le 1er septembre prochain, un an avant Dunkerque, les bus de l'agglomération de Niort seront gratuits. En "libre accès", préfère dire le maire radical. Les collectivités qui font ce choix restent peu nombreuses. Il y en a une trentaine ces quinze dernières années en France. Mais c'est frappant : aucune n’est revenue en arrière en France. D'abord parce que c'est populaire et écologique. Ensuite parce que l'application de la gratuité, décidée par des mairies de gauche comme de droite, a souvent battu en brèche des idées reçues.
Exemple, les incivilités. On se dit "ça va exploser". À Châteauroux il y a eu une hausse des actes d’incivilités, mais seulement au début de la gratuité en 2001. Ça s'est régulé ensuite, car "la mixité sociale et générationnelle est revenue dans les bus", explique Bruno Cordier, du bureau d'études Adetec, grand spécialiste des déplacements. Dans les bus payants, vous avez des scolaires et des personnes âgées. Quand ça devient gratuit, les familles, qui prenaient spontanément la voiture, les utilisent. La gratuité remet dans les bus les classes moyennes ou aisées.
La gratuité, est-ce l'avenir ? Les exemples de Dunkerque et de Niort feront sans doute réfléchir d'autres villes, mais ça n'a pas de sens de les imiter. Cela dépend du réseau et de la part de billetterie dans le financement des transports. À Dunkerque et Niort, on est à 10%. Si c'est 35%, c'est difficilement envisageable de compenser.
L'alternative à la gratuité, c'est la tarification dite "solidaire" qui séduit de plus en plus. Toulouse, Clermont-Ferrand, Nantes, Grenoble, Strasbourg, Brest, Blois, Chambéry ou Amiens ont ou vont la mettre en place. Vous payez le bus en fonction de votre quotient familial établi par la CAF. Pour acheter votre carte de transport, il va falloir de plus en plus souvent se munir de votre avis d'imposition.
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