"Du bon sens" ou "une idée baroque" : le télétravail sera-t-il bientôt prescrit sur ordonnance ?

Et si autoriser les arrêts maladie en télétravail permettait des économies pour l'Assurance maladie ? L'examen du budget de la Sécurité sociale arrive, ce mardi 4 novembre, dans l'hémicycle. Parmi toutes les mesures qui seront débattues, une proposition a convaincu les députés, en commission des affaires sociales.

L'idée serait de faciliter la reprise du travail après un arrêt prolongé, ou de maintenir un salarié au travail à distance, s'il le souhaite. D'autant qu'un salarié sur 3 a un poste éligible au télétravail. C'est ce que défend le député du groupe Liot, Stéphane Viry. Selon lui, il s'agit d'une mesure de "bon sens". "Toutes les parties prenantes peuvent y gagner", ajoute-t-il. 

Pourquoi une telle mesure ? "Il y a parfois des salariés qui ont envie de reprendre (le travail, ndlr) et qui sont en capacité de reprendre. Mais le médecin a prescrit un arrêt de travail qui n'est pas encore achevé, donc le salarié ne peut pas retourner à son poste", décrit l'élu au micro de RTL. Et de poursuivre : "L'entrepreneur peut aussi être tenté de retrouver son collaborateur et l'Assurance maladie pourrait peut-être y gagner à ne pas avoir ces quelques jours de trop à sa charge".

Le salarié sera-t-il en télétravail sous contrat de travail ? Ou en arrête maladie ?

Benoit Serre, le co-président de Cercle Humania, sur RTL

Attention aux dérives, met en garde prévient Benoit Serre, le co-président de Cercle Humania, un think thank sur les ressources humaines.

Joint par RTL, il juge cette idée "un peu baroque". "Quand vous êtes en télétravail, c'est comme si vous étiez en entreprise. Donc si on considère que le télétravail est une solution offerte au médecin pour faussement prolonger un arrêt maladie, quel sera le statut du collaborateur ?", interroge-t-il. "Sera-t-il en télétravail sous contrat de travail ? Ou en arrête maladie ? Hors le droit français prévoit que vous n'avez pas le droit de travail pendant un arrêt maladie, soit la personne est malade, soit elle ne l'est pas".