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"Droit à la paresse" : "Gérald Darmanin devrait réfléchir à deux fois", répond sur RTL le patron de l'Unsa

À la veille de la seconde journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, Laurent Escure, secrétaire général de l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), a redit l'opposition des syndicats au report de l'âge de départ.

Laurent Escure, secrétaire général de l'Unsa
Laurent Escure, secrétaire général de l'Unsa
Crédit : Thomas SAMSON / AFP
Le secrétaire général de l'UNSA Laurent Escure est l'invité de Julien Sellier
00:09:16
Julien Sellier - édité par Jeanne Le Borgne

"La mobilisation du mardi 31 janvier sera au moins aussi forte que celle du 19 janvier, si elle ne va pas au-delà", promet Laurent Escure, secrétaire général de l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Et pour cause, si la première journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites avait donné lieu à de grandes manifestations en région, Laurent Escure l'assure : "Il y a à nouveau entre 250 et 300 lieux de rassemblements" qui s'organisent.  


Surtout, Larent Escure prévient, "si le gouvernement entend raison, le mouvement social s'arrêtera, mais s'il n'entend pas raison, il y aura d'autres dates de manifestations et de grèves". Et le secrétaire général de l'UNSA prévient que l'intersyndicale envisage déjà des journées de mobilisation le samedi "parce que malgré l'opposition très forte, une journée de grève coûte économiquement", assure-t-il. 

Nous aurons beaucoup de Français, et pas seulement des salariés ou des syndiqués, qui descendront demain dans la rue.

Laurent Escure, secrétaire général de l'UNSA

"On veut être économe en grève parce que le pouvoir d'achat est en jeu, mais nous savons que les salariés sont prêts à faire grève plusieurs jours puisqu'ils estiment la réforme trop injuste pour se laisser faire sans rien dire", estime-t-il.

En parallèle, Larent Escure ne se dit pas opposé au fait qu'il y ait "des stratégies complémentaires à ces temps forts" dans certains secteurs, à l'image des mouvements de grèves perlées de la CGT dans les raffineries ou à la SNCF.

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"À l'UNSA, nous privilégions tout de même le cadre de l'intersyndicale, précise le syndicaliste. L'unité que nous avons su montrer a permis que l'on gagne la première bataille, celle de l'opinion publique. À présent, il faut que l'idée que nous sommes capables de gagner ce mouvement social rentre dans l'opinion publique, tout comme le fait que malgré ses coups de mentons, le gouvernement peut reculer et retirer son projet."

On appellera à ce qu'il y ait des temps forts réguliers, peut-être plus fréquents et dans certains secteurs d'activités ou territoires, à ce qu'il y ait des actions complémentaires, et ce, tous les jours si besoin.

Laurent Escure, secrétaire général de l'UNSA

Laurent Escure déplore d'ailleurs que le gouvernement "mise sur la fatalité". "L'idée du gouvernement est de convaincre les Français qu'au bout du compte, ça va passer. Et moi, je veux dire à tous ceux qui sont contre cette réforme qu'il n'y a pas de fatalité", assure-t-il, rappelant que des mouvements sociaux passés ont déjà "fait reculer le gouvernement"

Jouer sur la fissure qui se dessine dans la majorité

"Nous appelons les Français à manifester demain et dans les prochaines actions que nous organiserons, mais également à aller voir leurs parlementaires", poursuit le secrétaire général de l'UNSA. Estimant que "s'il n'y a pas de fissure, il y a au moins des interrogations très forte dans la majorité parlementaire", Laurent Escure pense trouver là une faille pour faire vivre pleinement la démocratie

"Il n'y a pas de majorité dans le pays pour cette réforme et la démocratie, ce n'est pas seulement une élection tous les cinq ans, martèle-t-il. Les manifestations font vivre la démocratie et nous allons jouer notre rôle pour ce débat."

Le secrétaire général de l'UNSA l'assure par ailleurs, les syndicats et les Français ne se laisseront pas convaincre par les quelques mesures sur les carrières longues ou la pénibilité sur lesquelles le gouvernement se dit prêt à débattre. Le bras de fer se joue sur l'âge de départ à la retraite. "Pour nous, ce n'est pas un jour, pas un mois, pas un an de plus, rappelle Laurent Escure, soulignant que "la question du recul de l'âge est la mesure la plus injuste."

"On a montré qu'il n'y avait pas d'urgence finance sur cette réforme, et ce même s'il y a un déficit à combler, il y a d'autres solutions", assure-t-il, déplorant "une forme de dogmatisme" du gouvernement, désireux de "faire perdre deux ans de liberté" aux Français. 

Du temps de perdu pour s'occuper de nos aînés

"Il y a une injustice folle qu'il faut que le gouvernement entende et comprenne et qu'il retire cette réforme, poursuit Laurent Escure. Nous aurons alors la paix sociale, des performances économiques retrouvées et nous nous retrouverons autour de la table avec l'ensemble des syndicats pour trouver d'autres solutions parce qu'il y en a d'autres."

Interrogé sur les propos de Gérald Darmanin, qui a déclaré dans la presse que "les oppositions prônent la négation du travail et le droit à la paresse", Laurent Escure estime que le ministre de l'Intérieur devrait "réfléchir à deux fois". "Qui a peur de travailler ? Ceux qui se lèvent tous les matins pour aller gagner des salaires pas à la hauteur malgré des conditions de travail très dures et qui ont été à la hauteur pendant la pandémie ? Les 93 % d'actifs qui ne veulent pas de cette réforme ? Ou ceux qui n'ont pas besoin du travail pour gagner de l'argent et qui, parfois, s'enrichissent en dormant ? Nous, la valeur travail, on sait ce que c'est puisque l'on travaille tous les jours", réplique-t-il. 

Les Français n'ont pas peur du travail, mais ils ont besoin de bonnes conditions de travail, de bons salaires, de la prise en compte de la difficulté de leur métier, ainsi qu'un temps de repos pour profiter des siens au moment de la retraite.

Laurent Escure, secrétaire général de l'UNSA

Le secrétaire général de l'UNSA abat finalement une dernière carte en expliquant que "l'effet induit par cette réforme des retraites, c'est de faire perdre deux années en bonne santé à des personnes qui ont envie de profiter de leur vie, de celle de leurs enfants et petits-enfants, mais également de s'occuper de leurs parents. Nous allons nuire à ce grand projet de société qu'est celui de la dépendance", déplore-t-il. 

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