Droit à l'enfant : que veut dire cette expression ?
ÉCLAIRAGE - Depuis l'annonce de l'ouverture de la PMA en 2018 à toutes les femmes, l'expression revient au cœur du débat.

C'est un débat qui dure depuis des années. La question du "droit à l'enfant" est de retour depuis l'annonce du gouvernement d'ouvrir la PMA à toutes les femmes en 2018. La porte-parole des Républicains, Valérie Boyer, s'en inquiète, par exemple, dans une tribune publiée dans les colonnes du Monde mercredi 13 septembre, intitulée : "Ne cédons rien à ceux qui s'arrogent un droit à l'enfant".
Le "droit à l'enfant" avait déjà été brandi lors des débats autour du mariage pour tous et dénoncé par les partisans de la Manif pour tous. De nombreux articles et prises de positions dans les médias rappellent que, dans la loi, il n'existe pas de droit à l'enfant. Avocat au barreau de Paris, Maître Eolas, répond ainsi à la journaliste du Figaro Eugénie Bastié que "le droit à l'enfant n'existe pas".
Mais que recouvre cette expression ? Les anti-mariage pour tous l'opposent au "droit de l'enfant". Le droit à l'enfant découlerait, selon eux, d'une volonté égoïste des parents d'avoir un bébé "à tout prix" et s'opposerait alors aux droits de l'enfant, à savoir avant tout l'intérêt de la progéniture.
Un argument sans fondement juridique
Les militants derrière Frigide Barjot et Ludovine de La Rochère ciblaient ainsi l'ouverture de l'adoption aux couples du même sexe, au moment du vote de la loi Taubira. Aujourd'hui, avec la PMA, l'argument vise davantage les femmes seules et les couples d'homosexuelles.
Dans Psychologies magazine, la sociologue Dominique Mehl affirme pourtant que "la demande n'est pas d'obtenir le droit d'acquérir un enfant. Elle est davantage d'avoir, comme tout le monde, la liberté de procréer". Elle ne différerait donc pas du désir d'enfanter d'un couple hétérosexuel. "Les couples que j’ai rencontrés, même s’ils demandent à la médecine de les aider à avoir un enfant, ne m’ont pas semblé être dans la revendication d’un droit qui serait la satisfaction d’un désir égoïste", ajoute une autre sociologue, Séverine Mathieu, au magazine.
Comme la théorie du genre ou l'enseignement de la sexualité à l'école, le droit à l'enfant susciterait donc un débat sans fondement premier. "L'argument qui consiste à dire qu'un droit qui n'existe pas est en passe de l'emporter sur un droit qui existe n'est qu'un slogan", critique encore Maître Eolas.