Le rendez-vous est fixé sur un petit chemin le long de la Cure. Bruno Bouchard, météorologue retraité, est aujourd'hui passionné de spéléologie. Il enfile sa combinaison jaune, un casque de protection et allume une lampe frontale. Pour entrer dans la grotte, il faut s'allonger vers un petit trou rocheux de cinquante centimètres de large.
A l'intérieur, il est possible de se relever, la cavité s'élargit. Au plafond les chauves-souris se réveillent, mais Bruno Bouchard invite à se concentrer sur le sol. Une première vasque asséchée, puis une seconde.
Le sol est boueux mais les cavités qui retiennent l'eau semblent vides. Bruno Bouchard immerge ses genoux dans l'une d'elles. Il y a quelques années, une telle manœuvre était impossible, il y avait trop d'eau.
Je ne pensais pas vous montrer un niveau aussi bas
Bruno Bouchard
Bruno Bouchard s'arrête, songeur. "Normalement, le niveau est ici 50 cm plus haut que ce que vous voyez". Quelques mètres plus loin, une troisième vasque apparait. Le spéléologue est surpris : "C'est l'un des niveaux les plus bas que je vois. Je vous avoue que je ne pensais pas vous montrer aujourd'hui un niveau comme cela". Le déficit est à cet endroit d'une hauteur d'un mètre d'eau. Il y a encore quelques années, cette grotte de l'Entonnoir était difficile d'accès en raison du niveau de l'eau. S'il a pu y amener un journaliste, c'est que la sécheresse le permet.
Pour comprendre le phénomène, Bruno Bouchard invite à tourner les yeux vers les parois. Ces dernières semblent humides, mais Bruno Bouchard explique que "normalement l'eau suinte, et coule sur les murs, il pleut parfois dans la grotte". La seule manifestation de ce suintement que nous verrons sera un lent goutte à goute. À l'extérieur, au même moment, il pleut averse. Si les sols étaient suffisamment humides, il pourrait pleuvoir au-dessus de nos têtes, il n'en est rien.
Si aussi peu d'eau s'écoule, c'est que l'hiver fut particulièrement sec dans le département. Les pluies de ces dernières semaines sont donc absorbées par les végétaux en surface ainsi que par les sols particulièrement secs : "Cette situation devient grave si elle se reproduit tous les ans et je crois que ça fait plusieurs années que c'est le cas", indique le spécialiste.
À quelques kilomètres de là, un captage de village est actuellement à l'étude, et des inquiétudes émergent. Bruno Bouchard s'y est rendu en personne. Lorsque nous lui demandons si le captage fournira assez d'eau au village, la réponse est lapidaire : "Non". Le spéléologue a travaillé auparavant 30 ans à Météo France. En 1980, à l'école de météorologie le programme lui enseignait déjà les risques du réchauffement climatique : "Le regret que l'on peut avoir en voyant cette situation en 2023 c'est de ne pas avoir réussi à alerter le monde sur ce qui allait se passer".
Le plus inquiétant dans tout ça ? L'Yonne n'est pas un département classé en situation critique comme les Pyrénées-Orientales. En sortie de cavité nous retrouvons la terre ferme, il pleut averse. Bruno Bouchard esquisse un sourire : "Nous devons nous réjouir du mauvais temps".
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