Dans le Nord, la famille Motte relance la brasserie familiale, à l'arrêt depuis 30 ans
REPORTAGE - À Armentières dans le Nord, la dixième génération de brasseurs de la famille Motte décide de relancer la brasserie familiale, à l'arrêt depuis les années 90.

Ce mercredi nous partons à Armentières, dans le Nord pour une histoire de famille et de bière. La famille Motte, 10e génération de brasseurs, relance la brasserie historique de la ville, implantée depuis plusieurs siècles.
C’est un chantier impressionnant qui a démarré autour de ce site industriel. L’entreprise Motte-Cordonnier était à l’abandon depuis les années 90. Sur les bords du canal de la Lys, des travaux ont commencé au pied de ces bâtiments en briques avec une tour beffroi visible de loin. Un véritable château industriel. Pour l’instant, on construit de nouveaux logements avant la rénovation de cette brasserie familiale.
Frédéric Motte nous accueille avec ses neveux, les héritiers de l’arrière grand-père fondateur : "La brasserie démarre en 1650, elle rentre en 1749 dans notre famille, et au moment de la guerre 14-18 elle est entièrement détruite. Notre arrière-grand-père a l'audace de reconstruire un château d'industrie, près de la ligne de chemin de fer, près de la rivière pour les approvisionnements. La brasserie était ancrée dans la ville", raconte Frédéric.
On se dit que là-haut toutes ces générations nous regardent
Gilles
"C'est à l'abandon depuis une dizaine d'années et nous notre ambition c'est d'y réaliser une brasserie, un musée parce qu'on a des collections extraordinaires, et puis un estaminet évidemment, c'est la convivialité des gens du Nord", ajoute-t-il.
Il y a 100 ans, l’usine alimentait en bière plus de 400 estaminets d’Armentières. Aujourd’hui c’est la 10e génération Motte, dont fait partie Gilles, qui entreprend de redonner vie à ce site. Un beau pari dans ce contexte où tous les cafés et restaurants restent fermés. "Nous malheureusement, on ne l'a jamais vu pendant ses heures de gloire. C'est le souvenir que notre grand-père nous laisse et c'est lui qui nous a donné le goût de la bière", souligne le jeune homme.
Et au sommet de la tour, on aperçoit les monts de flandres, Lille, et cette fameuse étoile des brasseurs présente sur les bouteilles. Henry a également mis part à cette aventure familiale : "La fameuse étoile c'est notre emblème. On se dit que là-haut toutes ces générations nous regardent (...) ce qu'on est en train de travailler c'est de rebrasser sur ce site historique", indique le neveu de Frédéric.
L’esprit de René Motte revit. Le patron, qui a monté cette brasserie après la Grande Guerre, laisse même son prénom à l’une des nouvelles bières.
Le faire en famille c'est motivant
Frédéric Motte
La production de ce célèbre breuvage a redémarré, mais pas sur le site historique. Pour l’instant, les bouteilles sont produites chez des brasseurs-amis des flandres, une certaine solidarité opère : "La René, c'est ce qu'on appelle une blonde originale, on l'a voulu consensuelle. Ça va être une bière qui rassemble, un peu à l'image de notre famille".
Et sur le chantier on imagine bientôt les cuves qui redémarrent, pour cette année dans une pépinière armentiéroise, nous confirme Louis : "C'est encore en chantier, il faut se projeter. On a tous nos plans ça y est. Il y a des contraintes de structures, d'histoire, de patrimoine", souligne le jeune homme. "Ce qu'on imagine c'est avoir nos cuves de brassage au fond à gauche et on aurait sur la droite tous les fermenteurs. Ensuite il faut qu'on s'équipe aussi d'embouteilleuses", précise-t-il.
Toute la famille s’y met autour de ces jeunes générations. Frédéric Motte, entrepreneur dans la chaudronnerie, redécouvre les joies d’un petit patron : "On voit bien justement toute la difficulté du patron de petite entreprise, il faut aller démarcher chaque client. Nous sommes repartis de zéro, mais de le faire en famille avec la jeune génération derrière, c'est un plaisir et c'est motivant", explique-t-il. "Nous sommes 15 avec les enfants et nos conjoints à avoir mis au pot. On se retrouve tous quand il faut gouter et réaliser nos recettes de bières", souligne Frédéric.
À Armentières, un banquet des anciens salariés avec l’enfant du pays Line Renaud était prévu l’an dernier pour le centenaire de l’entreprise, reporté pour cause de Covid. Les jeunes brasseurs espèrent bien pouvoir trinquer dès que possible et retrouver le bruit des chaines d’embouteillages.