Le
top départ des vacances de février vient donc d'être donné. La zone A a ouvert la
saison. Une saison hivernale dont ne profiteront pas les professionnels du
tourisme, notamment du côté des sports d'hiver. Et en temps normal, les
Métropolitains mettent aussi le cap sur la Martinique et la Guadeloupe. Sauf
que les Antilles paient un lourd tribut à la crise du coronavirus. Les
déplacements dans les Outre-mer sont autorisés uniquement sur motif impérieux et il faut un test négatif avant embarquement.
Si
l'objectif du gouvernement est de protéger les Antilles des différents variants,
encore absents de ces territoires, le secteur touristique, lui, pâtit de ces
décisions. Pour
bien s'en rendre compte, direction l'aéroport Aimé Césaire devant la salle d'embarquement,
c'est à peine si l'on entend les valises rouler.
Le vide pratiquement du jour au lendemain, comme l'explique François Blathus Languedoc, directeur général du Comité martiniquais du tourisme. "Nous étions à sept vols gros porteurs par jour. Plus de 2.000 passagers par jour qui arrivaient. Le 3 (février), il y avait 200/300 personnes qui arrivaient en Martinique. À peine 10% des voyageurs par rapport au mois de janvier."
Pourtant,
la saison touristique avait commencé fort. Les 15 derniers jours de décembre, 50.000
touristes sont venus visiter la Martinique. Une dynamique qui s'est poursuivie
jusqu'aux annonces du ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, et le
durcissement des mesures sanitaires.
"Ça
va représenter à peu près -70% de clientèle et de flux en moins par rapport à
l'année dernière. Donc c'est un peu une catastrophe puisque ces motifs
impérieux signent l'arrêt complet de la haute saison touristique en
Martinique."
Concrètement,
quelles sont les conséquences pour les professionnels ? Les plages, noires de monde il y a quelques
semaines, sont redevenues quasi-désertes. À la station balnéaire des Trois-Ilets,
par exemple, les annulations s'enchaînent à l'Hôtel Bakwa. Son directeur
général, Yves Jacquet : "Sur les taux de
remplissage ça nous fait à peu près 25% d'annulation. Beaucoup de reports sur
le mois de mars. (…) Des groupes surtout, des séminaires qu'on avait prévus,
ont annulé."
Alors, si l'hôtel bénéficie encore du chômage partiel, pour les petites structures, en
revanche, c'est plus compliqué. Francine Guicheteau tient une conciergerie à
Tartane, sur la presqu'île de la Caravelle. Et seuls les oiseaux habitent
aujourd'hui les villas de luxe dont elle s'occupe.
"Toutes
les locations de février ont été annulés par les clients. Je n'ai pas d'arrivées,
pas de nettoyage, pas d'accueil… Du coup j'ai zéro revenu."
Pourtant,
le gouvernement l'assure : il y aura bien des aides pour les
professionnels. Mais les contours de ce soutien restent encore inconnus. Et
c'est ce qui préoccupe Lia Pélissier. Avec son mari, elle tient une société
spécialisée dans les sorties de dauphins et Baleine. Et sur le petit port de
Case-Pilote ce matin, les cris des enfants ont laissé place aux bruits des
bateaux qui tapent contre le ponton.
"On
attend parce qu'on n'a pas de fermeture administrative. Mais pour l'instant, on
ne sait pas comment on va être aidés, sur quelle base… Parce qu'en plus, s'ils
se basent sur N-1 ce n'est pas représentatif de notre activité. On ne sait pas
du tout et souvent les aides sont quand même assez longues à venir."
Malgré
tout, les professionnels du tourisme gardent espoir. D'abord, parce que malgré
l'afflux de vacanciers ces dernières semaines, l'épidémie de coronavirus a
plutôt bien été gérée. Le taux d'incidence reste très en dessous du seuil
d'alerte, à 22 pour 100.000 habitants. Ensuite, parce qu'il reste encore
quelques touristes sur l'île. Et certains sont même arrivés juste avant la mise
en place des motifs impérieux. C'est le cas de Céline, Lionel, Noam et Valentin
arrivés lundi soir. "On
a pris les billets deux jours avant dans la nuit de samedi à dimanche pour
partir lundi." Ils envisagent de prolonger leur séjour et d'éviter un
éventuel confinement en métropole.
Comme
eux, certains vacanciers envisagent de prolonger leur séjour en Martinique. Et
même en télétravail. Enfin, les professionnels du tourisme espèrent également
compenser les annulations par quelques réservations des locaux. Des
Martiniquais, mais aussi des Guadeloupéens. Puisqu'entre les deux îles,
préservées des variants de la Covid-19, la libre circulation est encore
possible.
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