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La ville de Cannes teste un dispositif intelligent de détection du port du masque
Crédit : Datakalab
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La crise sanitaire due à l'épidémie de coronavirus accélère le virage techno-sécuritaire de certaines municipalités. Après la prise de la température des clients à l'entrée de plusieurs supermarchés et le déploiement d'un drone désinfectant, la ville de Cannes (Alpes-Maritimes) a mis en place depuis quelques jours une expérimentation visant à vérifier le port du masque dans l'espace public grâce à la vidéosurveillance.
Depuis jeudi 23 avril, trois marchés en plein air de la ville sont équipés de quatre caméras intelligentes capables de repérer automatiquement si une personne se protège le visage ou non.
Le dispositif a été déployé par l'entreprise française Datakalab, spécialisée dans le développement d'algorithmes d'analyse de l'image depuis 2017. Chaque caméra est associée à un ordinateur capable de traiter les images en un millième de seconde pour générer "des données de comptage permettant de voir combien de personnes sont passées et combien portaient des masques", explique à RTL.fr Xavier Fischer, PDG de Datakalab.
La ville de Cannes, qui souhaite rendre le port du masque obligatoire à partir du 11 mai, a déjà distribué 100.000 masques alternatifs en tissu à la population. "Ce dispositif lui offre une vision objective du respect de son port sur les marchés et lui permet d'ajuster les ressources aux besoins", souligne Xavier Fischer.
Le dispositif est complété par un tableau de bord et un système d'alerte par SMS ou mail pour tenir les employés municipaux informés de l'évolution du respect de la mesure jour après jour et leur permettre de mener des actions pédagogiques au-devant des Cannois.
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Crédit : Datakalabs
Les premiers résultats de l'expérimentation ont permis de constater que si 74% des Cannois portaient un masque sur les marchés entre jeudi 23 et dimanche 26 avril, le ratio était plus bas sur le marché Gambetta, où la municipalité peut donc concentrer ses efforts. Interrogée par Libération, la cheffe de cabinet adjoint de la commune n'exclut pas de "faire de la répression pour appliquer ce principe" si le port du masque devient obligatoire au 11 mai.
Le fondateur de Datakalab assure que cet outil n'a qu'une finalité statistique. "On ne fait pas du tout de la reconnaissance faciale", souligne-t-il. "Personne ne voit jamais les images de la caméra. Aucune vidéo n'est transférée ni stockée sur un serveur. On traite seulement le flux de données. On ne prend pas l'identité des personnes : on regarde le nombre de passants et s'ils portent un masque ou non. Les données sont délivrées toutes les quinze minutes ou toutes les dix personnes au minimum. Si vous passez sous l'objectif, il n'y aura pas d'info sur vous, seulement des tendances".
La ville et l'entreprise assurent que le dispositif est conforme au règlement européen sur les données personnelles et que les passants peuvent donner leur consentement à cette expérimentation en faisant un hochement "non" de la tête, comme on peut le lire sur l'écriteau figurant sur le boîtier des caméras. Plusieurs médias rapportent toutefois que des Cannois sont passés sous leur objectif sans même s'en apercevoir.
Le dispositif doit être étendu aux bus de la ville ce jeudi 30 avril où il sera associé à un autre algorithme de mesure de la distanciation sociale pour vérifier que les usagers des transports en commun respectent les distances des sécurité. "L'objectif est d'aider la ville à gérer les flux de passagers en fonction des tranches horaires et des nouvelles règles de distanciation sociale", indique Xavier Fischer, en précisant que d'autres municipalités et d'autres acteurs des transports sont en discussion pour tester à leur tour le dispositif intelligent de Datakalab mais que rien n'est signé pour l'instant.
"Qu'ils ne conservent pas les données est une bonne chose", estime Klorydryk, membre de l'association de défense des libertés technocritique La Quadrature du Net, qui s'interroge cependant sur le principe de proportionnalité du dispositif. "Des humains auraient pu faire ce travail directement, or, une fois de plus, on recourt à des outils de surveillance", déplore-t-il, avec le risque "que le public s'habitue à ces dispositifs" et "qu'ils soient mis à jour et utilisés à d'autres fins après le confinement pour rentabiliser les investissements des élus".
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