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La congélation d'ovocytes, une "révolution féministe" ?

INTERVIEW - Myriam Levain est l'auteure de "Et toi tu t'y mets quand ?", un récit autobiographique sur la congélation des ovocytes et une réflexion autour du regard que porte la société sur la maternité.

Myriam Levain est l'auteure de "Et toi tu t'y mets quand ?", publié aux éditions Flammarion
Myriam Levain est l'auteure de "Et toi tu t'y mets quand ?", publié aux éditions Flammarion
Crédit : Félicien Delorme / Flammarion
Arièle Bonte
Arièle Bonte
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"Et toi tu t'y mets quand ?" Si vous êtes une femme, que vous avez la trentaine, soyez célibataire ou en couple, cette question ne doit pas vous être inconnue. L'injonction à la maternité est le centre du nouveau livre de Myriam Levain (1). La cofondatrice de Cheek Magazine, âgée de 35 ans et déjà auteure de deux ouvrages, a profité de son expérience personnelle de congélation de ses ovocytes pour interroger la société qui fait peser aux femmes le poids de leur horloge biologique.

Grâce à ce récit autobiographique inédit, vous saurez tout de cette procédure interdite en France. Des étapes à suivre à la ponction des ovocytes en passant par son coût et les effets secondaires du traitement hormonal, Myriam Levain décrit ce qu'elle qualifie d'une "révolution féministe", tout en soulignant que "la congélation des ovocytes n'est pas du tout quelque chose de massif" en France, où quelques centaines de femmes se rendent chaque année à l'étranger pour se donner ne serait-ce qu'une chance de porter un enfant une fois la trentaine passée.  

"Et toi tu t'y mets quand ?" de Myriam Levain (éditions Flammarion)
"Et toi tu t'y mets quand ?" de Myriam Levain (éditions Flammarion)
Crédit : Flammarion

Un livre pour briser le silence

"J'aime bien l'idée d'être une pionnière parce que je suis convaincue que c'est comme cela qu'on fait changer les choses", explique la journaliste à RTL Girls. "Ce qui m'a désinhibé pour en parler, c'est que je connaissais des femmes qui l'avaient fait, et que je voyais bien que des médecins signaient des tribunes à ce sujet". 

Depuis la sortie du livre, de nombreuses femmes sortent du silence et contactent directement Myriam Levain pour se confier sur leurs expériences ou désirs d'avoir elles aussi recourt à la congélation de leurs ovocytes. "J'espère que le livre va leur permettre de le raconter sans chuchoter parce qu'il n'y a vraiment rien de honteux", assure la journaliste pour qui ce livre est aussi l'occasion de questionner la société sur l'injonction à la maternité adressée aux femmes mais aussi le manque d'informations sur la manière dont fonctionnent leurs propres corps. 

"J'avais conscience que les femmes connaissaient mal leur corps. Mais je n'avais pas remarqué qu'on insistait sur ce sujet d'un point de vue sexuel et non pas procréatif", raconte Myriam Levain.

"Si on commence à comprendre comment fonctionne le vieillissement des ovocytes, par exemple, je pense que l'on n'aborde pas la situation de la même manière, que l'on devient moins passive. Car l’important quand tu es une femme, que tu fasses des enfants ou pas, c'est d'avoir le choix en pleine conscience, d'avoir les informations, d'être actrice, de ne pas subir, et de ne pas faire parce qu'il faut", martèle l'auteure de Et toi tu t'y mets quand ? 

Une "féminité à réinventer"

Si le droit à la congélation des ovocytes est l'un des combats portés par Myriam Levain dans son livre, d'autres réflexions viennent nourrir ce qu'elle appelle lors de notre rencontre "une féminité à réinventer".

Il s'agit d'observations portées sur ces femmes qui décident de ne pas avoir d'enfants, celles qui n'arrivent pas à en avoir ou n'ont pas eu l'occasion, parce qu'elles n'ont pas rencontré la bonne personne ou qu'elles n'ont pas eu connaissance ni accès à la congélation des ovocytes. D'autres, dans le livre de Myriam Levain, reconnaissent qu'elles auraient pu se passer de la maternité. Car dans notre monde, même lorsqu'on est une femme féministe, la charge mentale louée à l'arrivée d'un bébé incombe (presque) toujours à la mère.

"Il y a ce mythe que les femmes peuvent tout avoir et qui n'est pas vrai tant que les hommes ne seront pas impliqués", assure Myriam Levain pour qui "les débats sur le congé paternité" peuvent avoir