"Ce n'est pas d'un côté tout pour le bio, rien pour les autres". Au micro de RTL ce jeudi 3 août, Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture, est revenu sur les orientations envisagées par l'État pour favoriser l'agriculture verte d'ici à la fin du quinquennat.
En France, ils gagnent progressivement les étals des marchés et des grandes surfaces. Les produits issus de l'agriculture biologique se multiplient et séduisent de plus en plus les consommateurs. Le nombre de terres réservées à la production biologique a ainsi augmenté de 20% en 2016.
En 2015, le gouvernement de Manuel Valls avait affirmé sa volonté de faire du développement de l'agriculture biologique une "priorité". Emmanuel Macron désormais à l'Élysée a confirmé cette orientation prise par son prédécesseur. "Nous avons des objectifs vertueux et ambitieux pour le bio", a déclaré ce jeudi 3 juillet Stéphane Travert. Pourtant, depuis quelques semaines, les mesures annoncées par le gouvernement font débat.
Le ministre de l'Agriculture a fixé l'objectif de la la conversion au bio de 8% de la surface agricole française, contre quelque 6% actuellement. "Pour l'État, la priorité, c'est le financement des aides à la conversion" a-t-il précisé.
Pour financer un tel développement, le gouvernement envisage de répartir les aides de la politique agricole commune (PAC). Désormais, 4,2 % du pilier 1 de la PAC, essentiellement composé d'agriculteurs conventionnels céréaliers, sera redistribué au pilier 2, comptant les petites exploitations de zones défavorisées et les agriculteurs bio.
Prendre à l'agriculture conventionnelle pour donner à l'agriculture verte, c'est donc ce que prévoit le gouvernement. Dans le monde paysan, ces annonces ne satisfont guère. Pire, elle divise un monde en crise depuis plusieurs années.
D'un côté, les acteurs de la filière bio dénoncent une aide qualifiée d'insuffisante dans un communiqué de presse. "Le ministre a ignoré les attentes citoyennes et a choisi de préserver les déséquilibres en place depuis 1992 faisant passer les intérêts les plus puissants, FNSEA et AGPB en tête, devant l'intérêt général", précise la note. La sphère biologique souhaitait un taux de transfert beaucoup plus important pour pouvoir financer les aides à la conversion et au maintien et accélérer la transition de l'agriculture vers le bio en France.
De son côté, la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles) a dénoncé un "hold up inacceptable sur les soutiens à l'agriculture".
Car actuellement, l'Hexagone traverse une crise agricole sans précédent. Les rendements sont au plus bas, obligeant de nombreux travailleurs à quitter leurs exploitations. Si certains font le choix de la reconversion, d'autres au contraire décident de quitter leur exploitation. Quitte à rompre avec la tradition familiale établie depuis plusieurs décennies.
Quelque soit le secteur dans lequel ils officient, les agriculteurs réclament donc un soutien de l'État. En réalité, plus que les aides de la PAC, ils exigent une meilleure rémunération. Selon une estimation de la Mutualité sociale agricole (MSA), 30% des agriculteurs ont touché 354 euros par mois en 2016.
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