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Comment la presse quotidienne fait-elle face à l'envolée du prix du papier ?

ENQUÊTE RTL - Les prix du papier ont doublé en seulement un an. Immersion dans les imprimeries du groupe Ouest-France.

Philippe Vermandé, directeur industriel du groupe Ouest France.
Philippe Vermandé, directeur industriel du groupe Ouest France.
Crédit : Pierre Herbulot / RTL
La presse confrontée à une envolée du prix du papier
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Pierre Herbulot - édité par Étienne Bianchi

Le prix du papier a été multiplié par deux en moins d’un an. Une situation qui handicape la presse quotidienne. Reportage à Chantepie, à côté de Rennes (Ille-et-Vilaine), là où se trouve la rédaction et l’imprimerie de Ouest-France, le plus gros tirage français.

Le lieu prend la forme d'un immense entrepôt de 100 mètres de long et 40 de large. Empilés sur une dizaine de mètres de hauteur, d’immenses bobines de papier qui, déroulées, font 20 km chacune. Il s'agit de la réserve stratégique de Ouest-France.

"On a à peu près 5 à 6 semaines de stock", dit Philippe Vermandé, directeur industriel du groupe. Le surcoût est de dix millions d'euros par an

Il y a deux raisons à cette augmentation. D’abord, l’industrie du papier est touchée par l’envolée du prix de l’énergie. Le secteur est très gourmand en gaz : pour transformer puis sécher la pâte à papier. Gourmand en carburant aussi, pour acheminer les bobines des usines aux imprimeries comme celle de Ouest-France.

Essor du numérique

La deuxième raison est plus structurelle. Avec l’essor du numérique, la demande en papier baisse depuis des années, certaines usines ferment. D’autres se reconvertissent vers des secteurs plus porteurs comme le carton. La diminution du nombre d'usines signifie que le papier journal est plus rare, et donc plus cher.

Face à cette situation, la presse écrite s'organise. "Nous sommes devant une des trois rotatives, ça fait à peu près 40 mètres de long et 15 mètres de haut. Ça imprime beaucoup plus vite aussi parce qu'on imprime 84.000 exemplaires à l'heure, plus de 20 exemplaires à la seconde", détaille Philippe Vermandé.

Il en sort carrément 750.000 tous les jours des trois imprimeries de Ouest-France. Sur les écrans de contrôle qui commandent les machines, les équipes techniques redoublent de travail pour limiter au maximum ce qu’on appelle la gâche papier. Des économies insuffisantes. Le journal a dû prendre une décision plus radicale : augmenter le prix de dix centimes pour atteindre 1,20 euro le numéro.

"On a attendu vraiment la dernière minute pour pratiquer cette hausse. On pénalise nos lecteurs (...) c'est vraiment la mort dans l'âme qu'on fait ça", confie-t-il.

Incidence éditoriale

Une situation qui oblige les rédacteurs en chef à trouver un difficile équilibre entre qualité du journal et nombre de pages. "Dans l'organisation de nos rubriques, nous avons tous les jours un feuilleton qui est publié dans le journal donc on a un peu limité la surface qu'il occupe dans le journal", explique l'un d'eux.

Toute la presse est concernée. Tous les moyens sont bons pour limiter le nombre de pages. Pour la première fois depuis la Libération, Les Dernières Nouvelles d’Alsace ne vont pas publier les résultats du Bac. La Voix du Nord limite la publication des suppléments et La Provence a fusionné deux éditions locales.

Comme à Ouest France, augmenter le prix de l’édition papier n’est plus un tabou. Le Monde, Les Échos ou le Journal du Dimanche ont déjà sauté le pas, avec une augmentation comprise entre dix et vingt centimes. Au risque, en cette période d'inflation, de perdre des lecteurs.

Problème démocratique

C’est le problème de l’accès à l’information, indispensable en démocratie, qui se pose. Dans la presse régionale notamment, de très nombreux abonnés, sont des personnes isolées parfois âgées et sans accès à Internet. 

"Là où il n'y a plus d'informations, en général il y a des tendances politiques qui peuvent être préoccupantes. Il y a eu des études aux États-Unis qui montrent que c'est plutôt le populisme ou l'abstension qui prospère", estime Pierre Petillaud, le directeur général de l’Alliance de la Presse. 

L'organisation demande à l'État de soutenir le secteur qui devrait continuer à souffrir d’ici la fin de l’année. Le prix du papier doit encore augmenter de 10 % au second semestre.

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