Les femmes seraient-elles devenues non grata dans certaines rues de Paris. C'est en tout cas ce que dénoncent plusieurs d'entre elles dans une pétition publiée sur internet et adressée à Emmanuel Macron. Intitulée : "La Chapelle & Pajol : Les femmes, espèce en voie de disparition au cœur de Paris", la pétition décrit une situation à peine croyable dans ce quartier de l'est parisien à cheval sur les Xe et XVIIIe arrondissements.
"Désormais la place de la Chapelle, la rue Pajol, la rue Philippe de Girard, la rue Marx Dormoy, la station de métro et le boulevard de la Chapelle sont abandonnés aux seuls hommes : plus une femme, dans les cafés comme la Royale ou le Cyclone. Pas un enfant dans le square Louise de Marillac. Certaines d’entre nous se terrent chez elles", déplorent-elles.
Le Parisien qui est allé à la rencontre de ces femmes publie un reportage à peine croyable. Au fil des lignes, elles racontent ces groupes d'une dizaine d'hommes, "vendeurs à la sauvette, dealeurs, migrants et passeurs qui harcèlent les femmes". Porter une jupe ou un pantalon trop près du corps leur apporte "une bordée d’injures". Le quotidien rapporte le témoignage de cette femme qui affirme avoir reçu une cigarette allumée dans les cheveux.
Un reportage qui a fait réagir le maire socialiste du XVIIIe arrondissement. "Est-ce que le quartier est interdit aux femmes, comme j'ai pu le lire ? Je ne partage pas cet avis et d'ailleurs, il suffit d'y passer un peu de temps pour se rendre compte qu'on n'en est pas là", nuance Éric Lejoindre, qui reconnaît toutefois que la surpopulation masculine du quartier pose parfois problème à des femmes, comme à des hommes.
Certaines ont même renoncé à sortir de chez elles
Nathalie, habitante du quartier depuis 30 ans
"Nous avons toutes droit à un traitement insupportable", s'indigne Nathalie, 50 ans, qui réside dans le quartier depuis trente ans et qui souligne un climat "inédit" ces derniers mois. "Ce sont des injures, des réflexions incessantes. L’ambiance est angoissante, au point de devoir modifier notre itinéraire, notre tenue vestimentaire. Certaines ont même renoncé à sortir de chez elles". Le Parisien évoque également l'histoire d'une dame âgée de 80 ans, cloîtrée dans son appartement depuis qu'elle s'est fait agresser sexuellement, alors qu’elle rentrait dans son immeuble.
Aurélie, 38 ans, ne reconnait plus le quartier dans lequel elle habite depuis 15 ans maintenant. "Le simple fait de circuler est devenu problématique. Le café, en bas de chez moi, un bistrot autrefois sympa, s’est transformé en repaire exclusivement masculin et en permanence bondé : j’ai droit à mon lot de remarques lorsque je passe devant, d’autant plus qu’ils boivent énormément : il y a quelques jours, le simple fait de me mettre à ma fenêtre a déclenché un flot d’injures, et j’ai dû m’enfermer dans mon appartement", raconte-t-elle.
Une autre habitante, Laure, se souvient de ce jour où prise de panique au milieu d'une bagarre de vendeurs à la sauvette, elle s'est mise à crier. "Deux d’entre eux ont sorti des couteaux pour me menacer. J’ai cru que ma dernière heure était arrivée".
Toutes estiment qu'il ne servirait à rien de porter plainte. Elles ont donc décidé d'organiser une marche exploratoire dans tous les endroits où elles sont devenues "indésirables", sur les conseils de Nadine Mezence, adjointe à l’égalité hommes-femmes du maire (PS) du XVIIIe. Leurs observations seront ensuite transmises aux pouvoirs publics, dans l'espoir que la situation s'améliore.
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