Changement climatique : Jean-Marc Jancovici explique les risques encourus par les banques

Si on prend l'activité bancaire au sens large, le climat peut les concerner à double titre. D'abord, les banques peuvent financer des activités qui sont à risques si le climat change trop, par exemple, si elles financent des infrastructures dont la bonne santé dépend d'un climat stable, si elles financent des activités agricoles dont la bonne santé dépend d'un climat stable, si elles financent des activités touristiques, etc.

Il peut y avoir ce qu'on appelle un risque physique du changement climatique, et les entreprises, les États auxquels elles prêtent, peuvent se retrouver en difficulté à cause de la dérive climatique. C'est un premier risque pour les banques. 

Il y a un deuxième risque qu'on a coutume d'appeler le risque de transition. Ce serait que le pays décide de faire sa révolution climatique, la réglementation change de façon très significative, et un certain nombre d'activités économiques se retrouvent du mauvais côté de la barrière.

Tenir compte des risques

Et si elles font de moins bonnes affaires, ces activités, les banques qui leur ont prêté, augmentent le risque de ne pas être remboursées. La Banque Centrale Européenne considère que les banques n'en font pas assez. Dans un monde dans lequel le climat est stable, chaque année, les banques regardent ce qui s'est passé l'année d'avant et elles calculent leurs risques et leurs taux d'intérêt.

Dans un monde où le climat change rapidement, ça ne suffit pas. Il faut se dire que ce qui a été observé n'est pas ce qui va se passer demain. Il faut donc l'intégrer dans des modèles de risque, de telle sorte que le financement des activités pour demain, ne soit pas nécessairement aux conditions auxquelles on a financé pour hier.

Si une banque tient compte de plus de risques, elle peut prêter à moins de monde parce que plus une activité est risquée et plus on va demander à une banque d'avoir beaucoup d'argent à elle pour engager de l'argent pour les autres. 

Plus on demande aux banques de tenir compte des risques, et moins elles peuvent prêter d'argent avec ce qu'on appelle leur fonds propre, c'est-à-dire l'argent qui est vraiment à elles.