Catastrophes naturelles : Jean-Marc Jancovici explique pourquoi "il va falloir de plus en plus anticiper"

Avec le réchauffement climatique, il va y avoir un nombre croissant d'infrastructures et de biens qui vont se retrouver exposés à des aléas. On le voit déjà aujourd'hui : la grêle, les inondations, la rétractation et le gonflement des argiles. Les dommages ont déjà commencé à augmenter suffisamment pour que désormais, un certain nombre de collectivités locales ne trouvent plus facilement d'assureurs qui acceptent de les assurer. Les assurances sont en train de se demander comment elles vont faire à l'avenir pour continuer à couvrir contre ce genre de dommages. 

Il faut savoir que l'assurance est un mécanisme annuel. Tous les ans, l'assureur est toujours libre de ne pas reconduire votre assurance. Contrairement à une croyance commune, l'assureur n'anticipe pas à 20 ou 30 ans, tous les ans il réévalue ses risques. Ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que la contribution pour la protection contre les catastrophes naturelles, qui est un supplément, a tendance à augmenter au fil du temps pour essayer de couvrir les dommages climatiques. 

Bien évidemment, l'assurance est un mécanisme par lequel la société dégage une partie de son surplus, pour réparer des dégâts. Il faut bien voir que l'assurance, c'est une dépense non productive. À l'avenir, on peut penser que, collectivement, les moyens deviendront de plus en plus difficiles à trouver pour réparer ce qui aura cassé. Pour éviter d'en arriver là, la seule mesure qui serait un peu efficace, c'est une mesure de prévention. Par exemple, ces dernières années, on a beaucoup construit au bord des cours d'eau, parce qu'en général, c'était les derniers terrains constructibles qui restaient dans les communes, donc on a augmenté les risques d'inondations. 

Il y a des mesures de renforcement qui pourraient être prises, il y a des endroits où on peut arrêter de construire. On peut éventuellement créer des ouvrages pour se protéger contre les eaux, on peut éventuellement créer de meilleures protections contre les incendies, etc. Et en fait, à mesure que le temps va passer, c'est plutôt là qu'il va falloir aller chercher les solutions, plutôt que dans l'assurance. Malheureusement, il va falloir de plus en plus anticiper pour éviter de se retrouver dans la situation où ça casse.

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