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Attentat à Nice : comment les services de renseignement doivent-ils s'améliorer ?

DÉCRYPTAGE - La commission d'enquête parlementaire et les spécialistes de l'antiterrorisme s'interrogent sur les méthodes actuelles des services de renseignement.

Le camion avec lequel Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a tué 86 personnes le soir du 14 juillet 2016 à Nice
Crédit : AFP / Anne-Christine Poujoulat
Julien Absalon
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Perpétrée en pleine soirée de fête nationale, jeudi 14 juillet, la terrible attaque meurtrière de Nice pouvait-elle être évitée ? Était-il possible d'empêcher Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le tueur qui conduisait le camion sur la promenade des Anglais, de commettre un tel acte terroriste ? Si certains politiques l'affirment, à l'instar d'Alain Juppé affirmant que le drame n'aurait pas eu lieu "si tous les moyens avaient été pris", des spécialistes de la question préfèrent rappeler que le "risque zéro" n'existe pas.

Les experts du renseignement antiterroriste français considèrent toutefois que les risques n'ont pas été suffisamment réduits. C'est en substance le propos général de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015 qui affirmait noir sur blanc, dans son rapport, que la France "n'était pas préparée" à affronter ce type d’événements et qui lui restait encore tout à faire. Face au défi du terrorisme international, il faut des ambitions beaucoup plus élevées que ce qu'a mis en oeuvre jusqu'à maintenant le ministère de l'Intérieur", expliquait le député Georges Fenech (LR), président de la commission. 

Fluidifier la circulation des informations

L'un des principaux reproches de la commission se portait sur le trop grand nombre de services au sein du renseignement antiterroriste français. Un défaut qui empêche les informations récoltées de bien circuler et de manière efficace. C'est pourquoi la création d'une grande agence nationale de lutte contre le terrorisme, et des fusions de plusieurs services, étaient préconisées par les élus. "On en parlait déjà il y a vingt ans", souligne sur RTL Pierre Martinet, ancien sous-officier de l'armée et ancien agent du service action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Il marque néanmoins ses doutes quant à une fusion de la DGSE, portée sur l'étranger, et de la DGSI, portée sur l'intérieur, bien que les menaces viennent bien souvent de Français sortant des frontières pour ensuite revenir et fomenter un attentat sur le sol national.

S'il reconnaît qu'il y a un problème dans la "fluidité du renseignement", il souhaite surtout dénoncer une faillite de la gouvernance politique. "Quand on fait partie d'un service, on est toujours sous les ordres d'un politique, qui donne les feux verts et des ordres bien précis", rappelle-t-il.

Remettre sur pied le renseignement humain

Outre ces problèmes de frontières et d'architecture pyramidale entre les services de renseignements, c'est le fonctionnement de ceux-ci qui est aussi remis en cause. C'est particulièrement vrai depuis la suppression des Renseignements généraux (RG) en 2008 sous l'impulsion du président Nicolas Sarkozy qui voulait rationaliser les effectifs. Ce service était alors spécialisé dans la constitution du renseignement humain avec des réseaux de proximité bien maillés sur le terrain. "Les RG étaient au contact de la population. Ils dialoguaient avec de nombreuses sources et savaient vous dire, parfois rue par rue, immeuble par immeuble, si des profils problématiques existaient", racontait un analyste dans les colonnes de Libération

En délaissant le renseignement humain, les autorités semblent donc avoir fait le pari de la collecte de données et du traitement de ces informations stockées dans de multiples fichiers. Mais dans le cas d'un "loup solitaire" qui se radicalise en toute discrétion sans commettre de délit pouvant alerter les autorités, les limites sont rapidement mises en évidence. "Quand on parle aux gens dans le renseignement, on se rend compte qu'il y a trop d'informations techniques et pas assez de gens pour les traiter", expliquait ainsi le blogueur spécialisé Abou Djaffar à Slate.

Pour autant, en réaction aux conclusions de la commission d'enquête parlementaire, Bernard Cazeneuve a rejeté les failles et les recommandations sur l'organisation du renseignement. De quoi susciter la consternation de Georges Fenech : "En rejetant d'emblée les conclusions du travail approfondi des trente parlementaires de toutes sensibilités confondues, le ministre de l'Intérieur fait avec éclat et une suffisance sans égale la démonstration d'une dénégation de toute responsabilité".

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