La Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), qui gère les retraites, a donné lundi 6 novembre des chiffres spectaculaires sur les retraités en France. Ils donnent la dimension du phénomène démographique : en cinquante ans, le nombre de retraités du régime général (c'est-à-dire salariés) en France a été multiplié par cinq, passant de 3 millions en 1967 à plus de 14 millions aujourd'hui, alors que la population française a progressé de 30% sur ce demi-siècle. Sur les 16 millions de Français en plus, il y a donc 11 millions de retraités supplémentaires.
Le vieillissement de la population est l'explication principale : l'allongement de la durée de la vie a augmenté de plus de dix années sur la période, pour les femmes comme pour les hommes. Une autre cause a joué : l'arrivée à la retraite de classes d'âge particulièrement nombreuses, celles du baby-boom (les personnes nées juste après la guerre). En 2016, par exemple, il y a eu 800.000 nouveaux retraités sur un an. Ils n'étaient que 300.000 en 1967. Le baby-boom est devenu le papy-boom.
En moyenne, les hommes sont à la retraite durant dix-neuf ans. C'est vingt-deux ans pour les femmes. C'est, en moyenne, huit ans de plus qu'en 1967. D'une part parce que les vies sont plus longues, mais aussi parce qu'on part à la retraite plus tôt aujourd'hui (62 ans) qu'il y a un demi-siècle (où c'était 64 ans). Beaucoup plus de retraités, et des retraites bien plus longues : cela explique à la fois les déficits des régimes de retraite et les réformes successives pour limiter ces déficits.
La situation financière des retraités n'est pas si mauvaise. Cela sera-t-il toujours vrai après les augmentations d'impôts du gouvernement ? En fait, il y a de grosses différences au sein même de la catégorie des retraités. Les plus avantagés sont les 60-70 ans, c'est-à-dire les jeunes retraités, qui ont une carrière de cotisation complète et qui sont partis au zénith du système d'indemnisation. Ils ont eu souvent une bonne carrière et une bonne retraite. Les plus vieux peuvent être dans des situations bien plus difficiles.
C'est vrai que l'augmentation de la CSG, prévue pour le 1er janvier prochain, est une forte ponction de pouvoir d'achat sur les retraités. Tous les actifs seront, en effet, compensés, ou presque. Quant aux détenteurs de capital, ils seront compensés aussi, par une baisse d’impôt. Les seuls à ne pas être compensés seront les retraités avec plus de 1.200 euros de pension mensuels.
Si Emmanuel Macron s'est focalisé sur les retraités, c'est qu'il considère qu'ils ont été relativement privilégiés, grâce aux transferts de l'État-providence français. C'était vrai. Cela l'est de moins en moins. François Hollande avait déjà supprimé des avantages fiscaux spécifiques, la demi-part des veufs et des veuves, par exemple. Les retraites complémentaires ont été quasiment gelées.
Emmanuel Macron poursuit le travail. Il a fait de la CSG non plus la cotisation sociale généralisée, mais la cotisation sociale pour les retraités. Exit la CSG, bonjours la CSR !
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