Addictions : attention aux écrans et aux jeux vidéo

On connaissait l'addiction à l'alcool, au tabac ou aux drogues. Les chercheurs mettent aujourd'hui en garde contre la dépendance aux écrans, qui touche les jeunes. 

L'usage excessif des tablettes, smartphones et ordinateurs, ainsi que des jeux vidéo inquiète le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Celui-ci réclame donc une meilleure prise en compte par les pouvoirs publics de cette pratique "pathologique" en progression, dans un rapport sur les addictions publié ce mercredi 24 juin. 

Selon les chiffres publiés en 2014 par l'Observatoire français des drogues et de la toxicomanie (OFDT), l'usage problématique des écrans toucherait entre 1 et 2% de la population générale et 5% des adolescents. Un jeune sur huit ferait un usage excessif des jeux vidéos, soit trois élèves par classe en moyenne.

Les jeux en réseau sont les plus addictifs

Le CESE a décidé d'inclure l'usage excessif de ces produits, qui ne sont pas addictifs par eux-mêmes, dans son rapport. Il souligne en effet que les mécanismes en cause (recherche d'un plaisir immédiat ou d'une compensation), tout comme les risques (isolement, désocialisation), sont "très proches" de ceux existant dans les addictions.

"Les jeux les plus nocifs sont les jeux répétitifs (...), ceux qui créent une réalité virtuelle et reposent sur un fonctionnement en réseau", souligne le CESE, qui précise que le caractère addictogène peut également dépendre de la "fragilité" du joueur.

Le produit le plus addictif reste le tabac (32% des consommateurs en sont dépendants), suivi de l'héroïne (23%), de la cocaïne (17%) et de l'alcool (15%).

Une signalétique obligatoire

Le CESE note que les jeux vidéo sont le deuxième motif de consultation médicale après le cannabis, à égalité avec l'alcool et le tabac. Ce qui justifie, à ses yeux, une évaluation des jeux les plus addictogènes par un comité d'experts indépendants, ainsi que la mise en place par les pouvoirs publics d'une signalétique obligatoire.

Par ailleurs, pour lutter contre le tabagisme - qui fait plus de 70.000 morts en France chaque année - et l'alcool (50.000 morts), le Conseil préconise de renforcer le contrôle des stratégies marketing développées par les fabricants et celui des actions de lobbying au parlement.

Sur la question du cannabis - expérimenté en France par un tiers des adultes - , "en dépit d'une politique répressive", la part des personnes ayant consommé du cannabis dans l'année est estimée à 8,4% chez les 15-64 ans. "Soit le taux le plus élevé d'Europe". Le Conseil suggère d'ouvrir un débat public sur "l'échelle des sanctions" prévues pour la consommation de cannabis et "d'explorer" toutes les propositions sur la table, y compris la dépénalisation du produit.

Jeux en ligne : 200.000 joueurs "excessifs"

Autre phénomène nouveau : les jeux d'argent et de hasard sur internet ont connu une progression spectaculaire depuis 2010, date de leur ouverture légale en ligne. Grâce à une offre pléthorique (800 sociétés hébergées dans 70 pays), ces jeux touchent désormais 4,1% de la population française, soit environ 2 millions de personnes.

Certains d'entre eux, comme le poker ou les machines à sous, sont plus addictifs que le loto. Le CESE souligne qu'au total, un million de joueurs présentent un risque modéré et 200.000 sont des joueurs "excessifs".

Parmi les recommandations destinées à lutter contre les addictions en général, le CESE insiste sur une plus grande implication des établissements scolaires et des entreprises. Il préconise enfin un financement plus pérenne des associations qui accompagnent les consommateurs et leurs familles. 

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