Un accord salarial a finalement été signé chez Air France vendredi 19 octobre. Ça marque une incontestable amélioration du climat social. Un majorité de syndicats a approuvé les propositions d'augmentation salariale de la direction.
Au final, c'est 4% de hausse des salaires sur deux ans, entre 2018 et 2019. C'était cette question des salaires qui avait provoqué une grève au début de l'année, dont le coût pour l'entreprise avait dépassé 300 millions d'euros. Le conflit avait aussi fait tomber la tête du précédent patron, Jean-Marc Janaillac, après un référendum interne qui avait vu les salariés se prononcer contre la direction de l'époque et contre ses propositions.
Pourtant, les augmentations approuvées par les salariés ce vendredi sont à peine meilleures que celles proposées par l'ancienne direction. Il y a quelques dixièmes de points de pourcentage en plus sur les deux ans. Rétrospectivement, on peut se dire qu'il est aberrant que 300 millions d'euros aient été jetés par les fenêtres pour une amélioration plutôt modeste.
Les syndicats ont tout de même signé cet accord, pour différentes raisons. D'une part, la personnalité du nouveau patron, le Canadien Benjamin Smith, a joué en sa faveur. Il connaît bien le secteur parce qu'il a déjà dirigé une compagnie aérienne, contrairement à ses prédécesseurs. Il a également le rapport de force en sa faveur, car il y a deux patrons qui ont démissionné successivement après une épreuve de force avec les syndicats. Sauf à être irresponsables, ceux-ci ne pouvaient pas se lancer dans une troisième guerre sociale.
L'attitude du gouvernement a aussi changé. Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, a dit explicitement que l'État était prêt à vendre sa participation à Air France s'il n'y avait pas d'issue dans la configuration actuelle. Et les syndicats ne veulent absolument pas que la compagnie soit vendue à des actionnaires privés.
Air France n'est pas pour autant tirée d'affaires. C'est une accalmie sociale, mais il reste une incertitude importante : comment les pilotes du SNPL, le syndicat de pilotes majoritaire, vont-ils réagir ? Ce syndicat n'a pas encore signé l'accord. Des négociations spécifiques doivent s'ouvrir avec lui. Il réclamait jusqu'ici 10,7% d'augmentation salariale.
Il reste également toutes les questions stratégiques lourdes. Air France a des coûts plus élevés que ses concurrents. C'est un handicap qui sera d'autant plus visible que le coût du pétrole, et donc du kérosène, augmente fortement. La compagnie doit se développer dans les services low-cost, tant sur les courts courriers que sur les longs. Or, tout changement d'organisation est soumis au verrou des pilotes. Et jusqu'ici, ils ont bridé le développement des ces nouvelles offres parce qu'elles remettaient en cause leurs conditions de travail.
Benjamin Smith doit présenter son projet pour la compagnie aérienne dans les semaines qui viennent. Les précédentes directions d'Air France militaient pour obtenir de la part de l'État un statut social et fiscal spécifique pour le personnel navigant moins coûteux, à l'instar de ce qui est en place dans la marine marchande. Si la paix sociale était durablement rétablie, avec un projet clair et partagé par les salariés, peut-être cela inciterait-il l'État à faire un effort de ce côté-là.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte