Hier, Oxfam présentait un rapport sur les inégalités avec un chiffre, une comparaison fournie par l'ONG largement reprise : les 26 personnes les plus riches de la planète, multimilliardaires, possèdent autant d’argent que la moitié la plus pauvre de l’humanité. 26 personnes détiennent donc autant que 3,5 milliards d’humains. Et à la tête de ce petit bataillon d'ultrariches, Jeff Bezos, fondateur et patron d’Amazon, dont la fortune était évaluée à 100 milliards d’euros au moment de l'étude.
Les chiffres ne sont pas faux, mais la comparaison, spectaculaire, est quand même biaisée. D’abord parce qu’elle met en regard des choux et des carottes. La fortune de Bezos et de ses compères est professionnelle, il s’agit de la valeur boursière des parts qu’ils détiennent dans leur entreprise.
C’est donc une fortune virtuelle, soufflée par l’engouement de la bourse pour les entreprises technologiques de la Silicon Valley. Pour matérialiser les inégalités, il aurait été plus juste de prendre la fortune personnelle des personnes les plus riches.
Il est vrai que la concentration des richesses augmente dans le monde, c’est-à-dire qu’une petite minorité détient une part croissante de la richesse totale. Aux États-Unis, on est revenus à des ratios proches de ceux de l’avant-guerre, dans les années 1920. En Europe, c'est bien différent, et en France tout particulièrement.
Mais au plan mondial, tout au long du XXe siècle, particulièrement dans la première moitié, les guerres et les crises avaient réduit les inégalités. La guerre est bien plus efficace que la fiscalité pour cela, parce qu’elle détruit du capital, les bâtiments, les richesses, les organisations, les relations. Les périodes de paix, c’est l’inverse, ce sont souvent des périodes de rigidité sociale, de reproduction des classes d’une génération à l’autre, parce que le capital, la richesse et les réseaux, se transmettent.
Mais Oxfam nous dit que c’est le capitalisme mondialisé qui provoque ces inégalités. C’est vrai que la mondialisation aggrave la situation, elle favorise la concentration des richesses aussi. Si Amazon vaut autant d’argent, c’est parce que l’entreprise est mondialisée, elle vend sur la planète entière ou presque. Cela lui donne des opportunités de développement et de profits considérables.
Et c’est la même chose pour les sportifs, les artistes, les patrons : comme leur marché est mondial, ils n’ont jamais aussi bien gagné leur vie. Mais ce que ne dit pas Oxfam, c’est que la mondialisation a aussi eu des effets positifs pour les plus pauvres, au moins dans certains pays.
Regardez le décollage économique du Vietnam, de la Chine, de la Corée. Des centaines de millions de personnes sont sorties de la pauvreté en une génération, grâce à l’horrible capitalisme mondialisé. Si l'on fait le bilan de la mondialisation, il ne faut pas l’oublier. En réalité, l’ouverture des frontières déplace la richesse avec une puissance considérable, avec deux effets : elle augmente les inégalités au sein d’un même pays, en augmentant les revenus des gagnants. Et elle diminue les inégalités entre les pays.
Il y a trente ans, les États-Unis étaient riches et la Chine était pauvre, c'étaient deux mondes différents. Trente ans plus tard, les deux pays se ressemblent davantage, chacun ayant ses ultra-riches, sa classe moyenne et aussi ses pauvres.
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