De graves pertes de mémoire, un volontaire qui s'évanouit, une prise en charge désastreuse... Neuf mois après la mort de Guilaume Molinet, l'un des volontaires d'un essai thérapeutique mené par Biotrial, les enquêteurs découvrent progressivement les méthodes plus que douteuses du laboratoire rennais. Selon le dossier d'instruction qu'a pu consulter Le Figaro, les témoignages des autres volontaires de l'essai sont accablants.
Ainsi Lylian, 39 ans, l'un des membres du groupe auquel appartenait Guillaume Molinet, a raconté aux gendarmes les graves pertes de mémoire dont il était victime depuis l'essai. Ses problèmes ont commencé le 11 janvier. Ce jour-là, il regarde un film avec Régis, un camarade d'essai, avant de faire une sieste, raconte le Figaro. Au réveil, "il a joué au “Uno” mais il ne se rappelait plus des règles. (…) Quand j'ai évoqué le film que nous avions vu quelques heures plus tôt, c'était le trou noir", rapporte Régis, 48 ans.
À partir de ce moment, tout échappe à Lylian. Ce qu'il fait à Biotrial, depuis combien de temps participe-t-il à l'essai, ni même ce qu'il a fait à Noël et au 1e janvier, alors que son interrogatoire a lieu le 17 janvier, jour du décès de Guillaume Molinet. "Ma mémoire récente me fait défaut. Quand je reviens en arrière, c'est brumeux. D'habitude, j'ai une mémoire d'éléphant", a confié Lylian aux enquêteurs.
Un autre volontaire, Stéphane, s'est évanoui en janvier. Une information qui avait été cachée jusqu'à présent, assure Le Figaro. Les médecins lui ont appris qu'ils avaient une poche de sang dans le tronc du cerveau. La molécule utilisée dans l'essai serait en cause. Le dossier d'instruction point aussi du doigt le manque de réactivité du laboratoire en cas d'effets indésirables. Le 10 janvier, soit sept jours avant son décès, Guillaume Molinet se sentait déjà très mal, souffrant notamment de troubles visuels.
En mai dernier, Le Figaro révélait déjà qu'un autre patient avait fait un AVC avant le drame. Les volontaires ne comprennent pas pourquoi les autorités sanitaires ne sont pas intervenues plus tôt. Autre fait troublant découvert par les enquêteurs : les médicaments administrés aux volontaires de l'essai étaient périmés. D'après la saisie des gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp) dans le laboratoire Biotrial, Guillaume Molinet et ses camarades ont absorbé en janvier des médicaments périmés depuis octobre 2015.
Pour l'heure, Biotrial a toujours le droit d'exercer. L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) a en effet décrété en mai ne pas vouloir suspendre l'autorisation du laboratoire rennais, estimant que "la poursuite des essais chez Biotrial ne paraît pas (…) susceptible, aujourd'hui, de mettre en danger les personnes qui s'y prêtent compte tenu des conditions (…) de professionnalisme dans lesquelles les essais sont conduits." Le parquet de Paris a ouvert en juin dernier une information judiciaire contre X pour "homicide involontaire" sur les circonstances du décès survenu à Rennes et pour "blessures involontaires" concernant quatre autres volontaires qui présentaient des lésions cérébrales.
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