L'affaire avait estomaqué les spécialistes. Une molécule, administrée à 90 personnes dans le cadre d'un essai thérapeutique piloté par le laboratoire Biotrial, à Rennes, a causé la mort d'un homme le 17 janvier dernier. "Il n'y a jamais eu un événement aussi grave en France", s'était émue l'Agence nationale du médicament. Six autres personnes avaient été hospitalisées et se trouvaient dans un état grave.
Parmi elles : Stéphane Schubhan. Au micro de RTL, cet homme de 42 ans revient sur son calvaire. "J'ai du mal à parler, je vois très mal et j'ai toujours des douleurs au niveau des jambes. Je ne peux pas tenir debout plus de 10 minutes sinon j'ai des malaises, raconte-t-il alors que les médecins ne se sont pas prononcés sur l'évolution de ses handicaps. Pendant une semaine, on n'a pas eu de ressenti. On n'a eu de douleur nulle part. À partir de la semaine d'après, j'ai eu des douleurs à la tête".
Le laboratoire a continué ses recherches sur nous sans s'inquiéter de notre état
Stéphane, hospitalisé après avoir participé à un essai thérapeutique à Rennes en janvier 2016
Le laboratoire Bitorial est agréé par le ministère de la Santé, que le volontaire met en cause : "On n'a pas été surveillé de près après le premier accident. Ils ont continué leurs recherches sur nous sans s'inquiéter de notre état. Ils auraient dû nous surveiller de près et nous examiner". Au lieu de cela, "on a continué le protocole jusqu'au jour où j'ai eu l'accident. Ils n'ont pas pris les maux de tête au sérieux. Je me suis réveillé un matin avec des vertiges, je ne tenais plus sur mes jambes. J'arrivais plus à parler. Mon état s'est dégradé." C'est à ce moment-là qu'ils ont fait le rapprochement entre l'état de Stéphane et celui du premier cas. "Ils ont vu que ça n'allait plus", explique-t-il.
Aujourd'hui, Stéphane, qui avait déjà été volontaire pour le compte de Biotrial par le passé, est en colère. En effet, des décès sur des chiens avaient été constatés au cours d'essais précliniques de la molécule en test, réalisé sur des animaux : "Ce sont des choses qu'ils nous ont cachées. S'ils me l'avaient dit, je n'aurais pas participé à ce protocole et je ne serais pas là comme ça. La santé n'a pas de prix. J'ai été en colère de l'apprendre dans les journaux. Je veux qu'ils disent qu'ils nous ont mentis et qu'ils arrêtent de nous cacher des choses."
Depuis le début du mois de janvier, sa vie a été bouleversée. "Je ne vois plus ma vie comme avant. Je ne peux plus travailler : j'étais photographe. Je ne peux plus faire de photos. Je voyageais beaucoup, je ne peux plus le faire. J'avais des loisirs avec mes enfants, je ne les fais plus", déplore-t-il.
Je ne pouvais plus parler, plus bouger
Stéphane, hospitalisé après avoir participé à un essai thérapeutique à Rennes en janvier 2016
Dans le quotidien Le Maine Libre, Stéphane avait choisi de briser le silence "en voyant tout ce que disait le responsable de Biotrial à la télé, que ce n’était pas de leur faute. Ils ont fait des erreurs. Pourquoi a-t-on pris le traitement un jour de plus, alors que la première victime était déjà hospitalisée ?" La ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'était interrogée sur l'administration de la dernière dose à cinq patients le lundi matin, alors même que l'homme aujourd'hui décédé avait été admis au CHU. À la suite de la révélation de ce scandale, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) a mis au jour trois "manquements majeurs" dans l'essai clinique.
"Je ne pouvais plus parler, plus bouger. Pour eux (ses médecins, ndlr), je suis vraiment un miraculé", assure cet homme. À un moment, son pronostic vital a même été engagé. Le 14 janvier, les médecins disaient à sa compagne : "Ça serait bien que vous emmeniez les enfants, on ne sait jamais", explique-t-elle au Maine Libre.
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