Dis-moi quel journal tu lis, je te dirais ce que tu vas voter. Jamais l'expression "presse d'opinion" n'a eu autant de sens que ce matin en Grande-Bretagne avec des unes sans doute inimaginables de ce côté-ci de la Manche. S'il est impossible de dire ce que vont décider les Anglais, on sait ce que veulent leurs journaux : partir. "LEAVE", le mot est à la une de tous les tabloïds ce matin à Londres. Toute la semaine ils ont scandé des slogans hostiles à l'Europe. Le Sun va jusqu’à proclamer en une aujourd'hui "INDEPENDANCE DAY", sur fond de soleil radieux se levant sur les îles britanniques. Le journal appelle ses lecteurs à libérer le Royaume-Uni de l'emprise de l'Union européenne.
"Votre pays a besoin de vous, vote LEAVE TODAY" titre le Daily Express sur fond de drapeau anglais. L'Union Jack flotte aussi sur toute la une du Daily Telegraph mais laisse apparaitre l'horloge de Big Ben, histoire de dire que l'heure est grave. "The time has come" titre le journal, le temps est venu de reprendre le contrôle. L'heure est grave aussi pour les journaux - moins nombreux -, qui sont favorables au maintien dans l'Union Européenne : le Daily Mirror affiche sur toute sa une un immense trou noir, "Ne plongez pas dans l'inconnu, VOTE REMAIN". Le Guardian fait lui aussi dans l'astronomie avec une photo de l'Europe vue du ciel la nuit, avec toutes les lumières allumées à Paris et Berlin et ce titre "who do we want to be ?" : qui voulons-nous être ?. C'est presque du Shakespeare.
Eh bien c'est là une différence de plus avec les Anglais, la presse française, elle, ne choisit pas, elle expose les arguments. Libération fait carrément un numéro UP AND DOWN : d'un coté le "IN" et tous les arguments pour rester dans l'Europe, de l'autre coté du journal, le "OUT" et tous les arguments pour la quitter. "Twist and shout" en une du Huffingtonpost.fr. "Partir ou rester, that is the question" titre La République du Centre. "Dehors ou dedans ?" se demande en une La Voix du Nord.
"Brexit or no Brexit" titre Le Parisien, mais aussi Le Figaro, qui livre la clef du référendum : la génération Easyjet, celle des 18-24 ans qui prennent un avion à bas cout le week-end pour aller faire la fête à Berlin ou Barcelone. Une génération qui donne du fil à retordre aux sondeurs. 75% des 18-24 ans voteraient "remain" mais combien vont vraiment aller voter en ce premier jour des vacances universitaires ? Beaucoup partent pour leur job d'été, en même temps il y a l'Euro de foot et le festival de Glastonbury ou aucun bureau de vote n'a été installé. Les plus motivés ne sont pas aidés.
Non, la presse préfère titrer sur nos tourments intérieurs et la Valls hésitation autour de la manif contre la loi Travail de cet après-midi. "Manifestation de faiblesse" peut-on lire à la une du Figaro qui voit dans l'épisode d'hier un résumé de la méthode Hollande : détermination, hésitation, confusion, capitulation. C'est "le syndrome Leonarda" dit Paul-Henri du Limbert.
"Comment Valls a perdu la face" titre Le Parisien-Aujourd'hui en France, qui raconte en détail la journée d'hier : Manuel Valls qui voulait à tout prix interdire la manif et qui envoie le préfet de police au front, Cazeneuve qui reçoit un coup de fil des syndicats et qui leur met sur la table un tracé de 1,6 km. "Le génie de la Bastille" titre L'Opinion, qui voit dans cet épisode une démonstration tactique. "La brève interdiction de manifester n'était qu'une ruse pour faire accepter aux syndicats un trajet dont ils ne voulaient pas."
Dans Le Parisien, au contraire, un conseiller à l'Élysée rappelle le gout de Valls pour la corrida : "Valls le Catalan voulait la queue et les deux oreilles, il n'a obtenu que le museau". Et le journal d'ironiser: Manuel Valls n'a plus qu'a espérer qu'il y ait beaucoup de manifestants qui vont se retrouver bloqués place de la Bastille et seront contraints de faire du sur-place, le fameux rassemblement statique dont rêvait le Premier ministre qui sauverait ainsi la face.
"C'est du grand Molière" écrit Alain Dusart dans L'Est Républicain, "François Hollande est en train de transformer la conduite des affaires du pays en tragi-comédie à rire jaune, entre Tartuffe et les Fourberies de Scapin. Dans ce pathétique big bazar, les représentations se donnent dans les petits théâtres de l'Élysée, Matignon et la galerie des Glaces de Versailles où les Français semblent entraînés dans un labyrinthe de fête foraine. (...)"
L'info est dans la rubrique "Ils n'ont pas honte" de L'Humanité, et dans la rubrique "Ils ont osé" du Parisien. Patrick Balkany désigné candidat Les Républicains aux législatives de 2017. Le sulfureux maire de Levallois sous le coup de 4 mises en examen. Les Républicains n'ont pas l'air de voir où est le problème. "Le problème, écrit Henri Vernet, c'est la défiance croissante, scrutin après scrutin, des Français envers les responsables politiques". Qu'on se rassure, Patrick Balkany ne cumulera pas la mairie et l'Assemblée. S'il est élu, c'est sa première adjointe qui prendre la mairie de Levallois, Isabelle Balkany. "Vous avez dit exemplaire ?" peut on lire a la fin de l'article du Parisien et de L'Huma.
Je vais vous faire voyager avec le numéro deux de la revue Jésus qui est aussi formidable que le numéro un dont je vous avais parlé. Attention, ce n'est pas de la religion, c'est un magazine consacré à la grande aventure de la nourriture. Et ce nouveau numéro est un spécial food africa, la cuisine africaine, et c'est passionnant, avec notamment un reportage dans le resto du bout du monde, en pleine brousse ivoirienne, à plusieurs heures de piste de la première route goudronnée. Le boui-boui est tenu par Marius, un Stéphanois ancien chercheur de diamants qui raconte comment il est arrivé là.
Et puis y a aussi "dans ton kub", une longue enquête sur les ravages du bouillon cube produit par Nestlé et qui a envahi les foyers d'Afrique subsaharienne. Toutes les cuisinières l'utilisent pour relever le gout des plats et abandonnent les épices locales. Le bouillon cube agrémente aussi bien la soupe de poisson konkoé guinéenne que le poulet kedjenou ivoirien ou le tieb bou dien sénégalais. Et des voix s'élèvent pour dénoncer la surconsommation de ce bouillon déshydraté trop salé et trop gras. Son inventeur a matraqué le continent africain dès le 19e siècle avec des doses massives de pub, en jouant sur la consonance de son nom. Bah oui, c'est le bouillon Maggi, et vos idées ont du génie. Il y a une autre Maggie en une des journaux ce matin : Thatcher, la première à avoir fait boire le bouillon à l'Europe.
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