Pourquoi avoir nommé deux figures de la droite à Bercy ? Mercredi 17 mai, l'annonce du gouvernement surprend par la nomination de Bruno Le Maire et de Gérald Darmanin aux postes-clés de l'économie française. Ces désignations posent questions à propos de la direction que va prendre l'économie au cours du mandat Macron. Les propositions de campagne du candidat Macron dessinaient une ligne aux tendances sociales-démocrates, basée sur une volonté de moderniser l'État, de relancer la compétitivité des entreprises et de réformer le marché du travail.
La tenue de l'économie par deux hommes de droite - dont l'un, candidat à la primaire LR, avait un programme économique établi et différent en bien des aspects de celui d'Emmanuel Macron - ne va-t-elle pas infléchir sur le projet économique du chef de l'État ? Au contraire, le président de la République va-t-il chercher à garder une mainmise sur Bercy et empêcher l'influence droitière de l'économie ?
Une chose est sûre : le ministre de l'Économie et celui de l'Action et des Comptes publics occupent des rôles stratégiques en ce début de mandat. Gérald Darmanin va être en charge, entre autres missions, du budget de l'État, de la fonction publique, de la Sécurité sociale. Bruno Le Maire, lui, va jouer un rôle de premier plan sur les questions d'économie et d'industrie, deux thématiques-clés de la campagne Macron.
Pendant la primaire de la droite et du centre, Bruno Le Maire avait fait la proposition de supprimer 500.000 emplois de la fonction publique lorsque Emmanuel Macron compte, lui, ne pas renouveler 120.000 postes de fonctionnaires. Les clivages persistent sur le devenir de l'Impôt sur la fortune (ISF) : la droite qu'incarne le ministre de l'Économie au sein du gouvernement prône sa suppression. Il n'en sera rien. Emmanuel Macron veut préserver l'ISF, bien qu'il compte le réduire au seul patrimoine immobilier.
Le nouveau ministre de l'Économie, qui voulait baisser la Contribution sociale généralisée (CSG) - laquelle permet de financer en partie la Sécurité sociale - va par ailleurs devoir l'augmenter de 1,7%, comme le veut le président de la République. Gérald Darmanin a, lui, d'ores et déjà défendu la CSG jeudi 18 mai sur Cnews, estimant qu'il s'agissait d'un "bon impôt" car "il est proportionnel". Une position qui laisse imaginer que le ministre de l'Action et des Comptes publics aura moins de difficultés à se mettre au diapason de la ligne économique macronienne.
À droite, certains, à l'instar de François Baroin au micro de RTL jeudi 18 mai, dénoncent une "prise d'otages" : celle de deux des leurs, pour faire passer des mesures économiques critiquées, jusqu'alors, par leur camp. L'hypothèse est plausible d'après François Lenglet : "On a confié aux deux transfuges le sale boulot, pour émousser les futures flèches de la droite, qui se trouveraient obligées de critiquer deux des siens" si elles venaient à critiquer la politique économique mise en place, estime l'éditorialiste économique.
Cette théorie est corroborée par les propos de proches d'Emmanuel Macron, qui assurent que le Président gardera un œil pour le moins attentif sur le travail effectué à Bercy. Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires et proche du président de la République, a d'ailleurs assuré que le gouvernement mettrait en oeuvre "le projet présidentiel" voulu et défendu, dès sa campagne, par Emmanuel Macron.
Est-il envisageable que les deux ministres travaillent en harmonie avec le président de la République pour une politique consensuelle émanant de Bercy, mélange de leurs convictions premières et de l'orientation voulue par le chef de l'État ? Certains projets inscrits dans le programme d'Emmanuel Macron, comme la baisse des cotisations salariales et patronales à l'assurance maladie ou la réforme du Code du travail - et notamment la mise en place des accords de branche - pourraient faire consensus. Le compromis sera-t-il de mise si les idées de Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ne sont pas celles d'Emmanuel Macron ? Selon les informations de RTL, le Président veut refaire du Conseil des ministres un lieu de débat. L'occasion pour le trio de décider d'éventuelles nouvelles orientations ?
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