Revanche ou pas ? Deux ans après le traumatisme du Mondial, le XV de France retrouve l'Afrique du Sud pour un "immense défi"

Le même adversaire, le même stade mais pas d'esprit de revanche ? Ces derniers jours, les membres du XV de France ont conjointement assuré avoir digéré le douloureux quart de finale du Mondial 2023 perdu d'un point contre l'Afrique du sud à domicile. Dès lors, ils ne sont donc pas spécialement animés par l'envie d'une vengeance, avant de retrouver les Springboks au Stade de France pour le début de la tournée d'automne, samedi 8 novembre.

À tel point que Romain Ntamack, blessé à l'époque, mais présent cette fois à l'ouverture, a concédé que "le traumatisme a été au-delà des 23" joueurs sur la feuille de match ce jour-là, mais "peu importe le résultat" de ce nouveau choc.

"L'engouement et le désir de jouer ce match est immense, mais ce n'est pas un quart de finale. Ce n'est plus le même match, on n'est plus dans le même registre", a expliqué de son côté l'entraîneur en charge des avants William Servat, tandis que l'ailier Louis Bielle-Biarrey a répété que "tout le monde est passé à autre chose". En l’occurrence, sur la préparation de la prochaine Coupe du monde en Australie, dans deux ans.

Alors info ou intox ? Depuis le début du rassemblement à Marcoussis fin octobre, le discours est en tout cas le même au sein de la sélection : le terme de "revanche" a été gommé du vocabulaire des Bleus. Seul Maxime Lucu est revenu sur ce soir du 15 octobre 2023 avec une hargne perceptible : "Cela reste vraiment pour nous, les Français, un énorme échec. C’était notre Coupe du Monde et ils sont venus nous la piquer, (...) on a forcément envie de les confronter", a-t-il reconnu auprès de l'EPCR, l'organisme qui s'occupe de la Champions Cup.

"Nous sommes tournés vers le futur"

Parmi les acteurs de 2023 qui ne font plus partie du groupe, des mots forts ont pourtant été lâchés, que ce soit par Sekou Makalou, pour qui ce match entretiendra "toujours" un esprit de revanche. Ou bien Laurent Labit, ex-adjoint de Fabien Galthié, dont il s'agit de "la défaite la plus dure" en carrière, d'après ses mots au Midi-Olympique.

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"Le passé nourrit, mais nous sommes tournés vers le futur", a encore assuré jeudi le sélectionneur Fabien Galthié. Pour preuve, l'avenir est bien présent dans la composition du XV de France ce samedi. Privé de nombreux cadres sur blessure comme Antoine Dupont, le staff de l'équipe de France n'alignera que six des titulaires de 2023 (Thomas Ramos, Damian Penaud, Louis Bielle-Biarrey, Thibaud Flament, Anthony Jelonch et Gaël Fickou comme capitaine).

À l'inverse, ce sont deux joueurs peu expérimentés - deux sélections chacun - qui auront la lourde tâche de contrer le surpuissant bloc des Boks : Baptiste Erdocio et Régis Montagne, respectivement alignés piliers gauche et droit. Il conviendra également de parvenir à gérer les chandelles et les ballons hauts sud-africains, qui avaient coûté deux essais il y a deux ans.

"Je ne sais pas comment ils en parlent dans leur camp. Je pense qu'il serait évidemment difficile de nier l'esprit de revanche. Je suis sûr qu'ils ont quelques regrets concernant ce match et qu'ils aimeraient rectifier le tir", a de son côté estimé l'entraîneur adjoint des Springboks, Felix Jones, lundi en conférence de presse.

"La meilleure équipe du monde" n'hésite pas à titiller les Bleus

Les doubles champions du monde en titre n'ont d'ailleurs pas hésité à remettre une pièce dans la machine. Début octobre, l'annonce du match sur les réseaux sociaux de la sélection était accompagnée d'une vidéo du tristement mythique contre de Cheslin Kolbe, sur la transformation de Thomas Ramos. Avec deux points supplémentaires, l'issue du quart de finale perdu sur le score de 29-28 aurait pu être différente.

Très actif sur les réseaux sociaux, l'entraîneur principal des Springboks Rassie Erasmus, qui reconduira neuf titulaires de 2023 à l'instar de son capitaine Siya Kolisi pour sa 100e sélection, ne suit plus d’ailleurs qu'un seul compte sur X : celui de France Rugby. Son staff avait été filmé en train d'utiliser les vidéos sorties par la Fédération française de rugby pendant le Mondial 2023 pour mieux anticiper la stratégie des Bleus.

Focalisés sur la rencontre de samedi, ceux-ci savent que "le défi sera immense" face à "la meilleure équipe du monde" et "peut-être la meilleure équipe qui ait jamais existé", dixit Fabien Galthié. Une victoire - ce qui serait la deuxième seulement en 15 ans contre les Boks, après celle de novembre 2022 à Marseille - augurerait de belles choses pour les Français. Mais elle permettrait surtout d'exorciser quelque vieux démons pour les joueurs, et au moins autant pour les fans tricolores.